EREVAN, Armenia
Serge Sarkissyan source NAm
Les problèmes de nations nouvellement indépendantes essayant de construire un nouveau mode de vie démocratique ne se sont pas fini avec le démantèlement de l’Union soviétique. L’Arménie, un petit pays stratégiquement situé entre la Turquie, la Russie, l’Iran et la région Caspienne riche en énergie, est un exemple. Le potentiel post-indépendance de l’Arménie pour un développement paisible n’a pas été utilisé du mieux possible.
Pendant le conflit du Nagorno-Karabakh, la Turquie a fermé sa frontière avec l’Arménie comme expression d’une solidarité ethnique avec l’Azerbaïdjan Turque. Le résultat regrettable est que pendant presque 15 ans, la frontière géopolitiquement vitale entre l’Arménie et la Turquie est devenue une barrière à la coopération diplomatique et économique. Elle est fermée non seulement aux Arméniens et aux Turcs qui pourraient vouloir visiter leurs pays voisins, mais aux négoces, aux transports et flux d’énergie d’Est en Ouest.
Des projets stratégiques comme l’oléoduc Baku-Tbilisi-Ceyhan et le projet du chemin de fer Baku-Tbilisi-Kars contournent l’Arménie, tandis que la ligne de chemin de fer existant entre la Turquie et l’Arménie reste fermée. Et le peuple arménien n’est pas le seul qui souffre de ces restrictions et détours. Tous les pays dans la région et plus largement la communauté des nations européennes, payent un lourd tribut pour cette barrière artificielle au commerce, au progrès et à la coopération internationale.
Le temps est venu pour un nouvel effort en vue de casser cette impasse, une situation qui n’aide personne et affaiblit certains. Comme président de l’Arménie, je prends cette initiative de proposer un nouveau départ - une nouvelle phase de dialogue avec le gouvernement et le peuple de la Turquie, avec comme but de normaliser les relations et d’ouvrir notre frontière commune.
Après mon élection en février, mon homologue turc, Abdullah Gül, a été un des premiers chefs d’Etat à me féliciter. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a suggéré que les portes soient ouvertes à un nouveau dialogue au vue de cette nouvelle période.
Il n’y a aucune réelle alternative à l’établissement de relations normales entre nos pays. J’ai espoir que nos deux gouvernements pourront passer par le seuil de cette nouvelle porte ouverte.
L’établissement de relations politiques normales nous permettrait de créer une commission pour discuter avec compréhension de toutes les questions complexes affectant l’Arménie et la Turquie.
Nous ne pouvons pas nous attendre à des progrès tangibles sans de telles relations structurées. Uniquement par elles nous créerons un dialogue efficace même sur les questions historiques les plus litigieuses.
Déjà, à plus échelle personnelle, beaucoup d’Arméniens et de Turcs ont trouvé des façons de contourner la frontière fermée. Ils profitent de charters réguliers d’Yerevan à Istanbul et Antalya. Il y a de nombreux itinéraires d’autobus et de taxis par la Géorgie et les semis-remorques font même un long détour, permettant un peu de commerce entre nos deux pays.
Et de même que le peuple chinois et américain ont joué avec enthousiasme au ping-pong avant leurs gouvernements normalisent entièrement leurs relations, les peuples d’Arménie et de Turquie sont unies dans leur amour pour le football ce qui m’incite à lancer l’invitation suivante.
Le 6 septembre un match qualificatif pour la Coupe du monde entre les équipes nationales arménienne et turque de football aura lieu à Yerevan. J’invite par la présente le Président Gül à venir en Arménie pour voir le match en ma compagnie dans le stade. Ainsi nous annoncerons un nouveau début symbolique dans nos relations.
Indépendamment de nos différences, il y a des certaines liens culturels, humanitaires et sportifs que nos peuples partagent même avec une frontière fermée. C’est pourquoi je crois sincèrement que les gens ordinaires d’Arménie et de Turquie accueilleront un tel geste et acclameront le jour où nos frontières s’ouvriront.
Il peut y avoir des obstacles politiques possibles des deux côtés le long de ce chemin. Cependant, nous devons avoir le courage et la prévoyance d’agir maintenant. L’Arménie et la Turquie n’ont pas besoin et ne devraient pas être des rivaux permanents. Plus prospère, un avenir mutuel avantageux pour l’Arménie et la Turquie et l’ouverture d’un couloir Est-Ouest historique pour l’Europe, la région Caspienne et le reste du monde, sont des buts que nous pouvons et devons réaliser.
Mr. Sarkissian est le président de l’Arménieected