ZONE DE SECURITE OU ZONE DE VIE
Nous recevons depuis maintenant plusieurs mois des informations comme quoi en fait, les pourparlers concernant le plan de paix entre les Arméniens d’Artsakh et les Turcs d’Azerbaïdjan sont en bonne voie, on peut même lire que la reconnaissance d’un « Etat Kosovar » serait un tremplin pour la reconnaissance internationale de l’Etat du Haut-Karabagh.
A cela, la réponse quasi permettant de Monsieur Aliev, Président des Turcs d’Azerbaïdjan est toujours, oui, à l’autodétermination des Arméniens d’Artsakh mais au sein du territoire de l’Azerbaïdjan.
Nous sommes confrontés là à deux problèmes, premièrement les Turcs d’Azerbaïdjan s’approprient sous la menace de la guerre, le territoire de l’Azerbaïdjan, anciennement « Atropatène », dont les Arméniens sont un peuple autochtone, c’est à dire l’un des peuples les plus anciens sur ce territoire, et à ce titre ils ont des droits spécifiques, et deuxièmement, les Turcs d’Azerbaïdjan refusent l’application des droits à l’autodétermination, des Arméniens d’Artsakh (territoire occupé par les Turcs d’Azerbaïdjan depuis 1921), droits à la terre, au territoire et aux ressources.
Si nous reprenons le premier cas de figure, que le territoire d’Azerbaïdjan soit reconnu comme Etat souverain, ne veut pas dire que cet Etat souverain soit destiné exclusivement aux Turcs, malgré cela, les nettoyages ethniques de Soumgaït, de Bakou et de l’ensemble des Arméniens d’Azerbaïdjan, démontrent le niveau de civilisation des Turcs d’Azerbaïdjan et leur volonté de vivre en Paix avec les Arméniens d’Azerbaïdjan.
Comment Monsieur Aliev, Président des Turcs d’Azerbaïdjan envisage de rendre compte des massacres, des nettoyages ethniques, des destructions du patrimoine arménien devant la nation arménienne ?
C’est bien de sécurité nationale qu’il s’agit et non de zone de sécurité territoriale!
Néanmoins un Etat territorial, comme l’Arménie, aujourd’hui replié sur lui même ne peut pas réagir d'une autre manière, ce qui l'entraîne non pas dans un processus de développement et de renforcement de ses bases, mais plutôt dans un processus d’autodestruction. L'exemple est flagrant si on devait tenir compte de la réponse de M. Vartan Oskanian dans un article sur Internet, en admettant que la traduction soit bonne.
"L’Azerbaïdjan parle toujours de l’intégrité territoriale sans préciser ce que cela signifie. Quoi qu’il en soit, la question peut concerner la zone de sécurité autour de NKR, mais jamais le Haut-Karabakh lui-même ", a déclaré le ministre en ajoutant qu’aucune décision ne peut être prise sans le consentement du peuple du Karabakh."
Cette réponse en dit long sur la prise de conscience de ce que peut représenter stratégiquement, aux yeux des autorités, "une zone de sécurité".
Si nous poursuivons dans cette voie, on peut dire que l'ensemble des territoires d'Arménie Occidentale à l'Artsakh représente une zone de sécurité pour les Arméniens, ce dont je suis tout à fait convaincu.
Il y a en fait plusieurs niveaux de sécurité, il y a la sécurité d'un Etat, et sans cette sécurité, cet Etat n'existerait pas, et il y a la sécurité d'une nation qui sans son territoire originel vivrait un processus de désintégration. A cela je m'empresse d'ajouter qu'un processus de désintégration est beaucoup plus actif au sein des peuples qui ont une identité confuse.
C'est pour cette raison que l'identité arménienne reste un bouclier permettant de résister sur une très longue période. C'est aussi pour cette raison que les Arméniens d'Arménie Occidentale ont la capacité de tenir et de résister malgré la fait qu'une grande partie d'entre eux vive en exil.
Quoiqu'il en soit "cette zone de sécurité" c'est à dire de Karvadjar à Horadiz, n'est donc pas négociable, avec ou non l'assentiment des populations arméniennes locales.
Les zones de sécurité sont ainsi de plusieurs niveaux, un niveau psychologique, un niveau physique, un niveau spirituel, un niveau politique, un niveau juridique, et aussi un niveau territorial, donc un aspect interne qui ne doit pas être systématiquement mis en évidence.
L'analyse doit être remise à plat quand on prend conscience, que de désigner une portion de territoire comme « zone de sécurité » revient à dévoiler l'importance d'une zone physique précise, d’un organe de vie, alors soit c'est du bluff, soit c'est complètement inconscient au niveau stratégique, dans les deux cas les conséquences vont peser sur la nation. (dernière nouvelle, le massif central serait une zone de sécurité pour la France).
Si nous voulons préciser que l'Arménie est une et indivisible il serait alors temps aussi d'expliquer ce que signifie l'Arménie et la nation arménienne, dans tous les cas l'unité de l'Arménie n'admet pas de zone de sécurité particulière, et comme je l'ai dis une zone de sécurité dévoilée et négociable est une aberration ou un crime que seul des esprits inconscients ou pervers peuvent mettre en avant.
L'action diplomatique ne revient donc pas à désigner des zones de sécurité négociables et à les mettre en avant comme instruments d'échange au sein de l'Arménie mais plutôt de faire valoir les droits des Arméniens autochtones sur des zones territoriales comme Shahoumian, Gandja, Soumgaït, et Bakou par exemple, la différence est de taille
Ainsi, dans le cadre spécifique de sécurité, effaçons définitivement de notre esprit, la notion de « zone de sécurité » pour accentuer nos forces sur la sécurité de nos populations civiles, l’intégralité territorial d’un Artsakh souverain, où les Arméniens peuvent vivre en Paix, sera donc le dernier mot de l’histoire, n’en déplaise aux autorités actuelles.
par Arménag Aprahamian
Membre du Conseil National Arménien