D’Alsace en Arménie

L’invité du dimanche / Rodolphe Langermann, militant humanitaire

D’Alsace en Arménie
À 72 ans, Rodolphe Langermann n’est toujours pas décidé à rester tranquillement dans sa maison d’Ingwiller, agrémentée de tant de livres, tableaux et objets des cultures d’Alsace et d’Arménie. Deux repères parmi d’autres pour ce militant associatif en faveur d’une solidarité sans frontières.


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Rodolphe Langermann au déballage de printemps à Melsheim : en solidarité avec l’Arménie (Photo DNA — Albert Weber)
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partager : Discuter à bâtons rompus avec ce militant humanitaire, c’est s’embarquer dans un voyage aux multiples initiatives teintées d’un enthousiasme dénué de tout angélisme : un destin marqué par le besoin de s’engager pour des causes même — et surtout — si elles ne font pas la une de l’actualité régionale ou nationale.

Messin de naissance, Alsacien d’adoption et citoyen du monde
Aider les autres, contribuer à résoudre leurs problèmes : au-delà de ces deux repères évoqués par celui que nombre de personnes appellent volontiers « Rudy », une évidence s’impose.

En effet, s’il se reconnaît volontiers comme Messin de naissance et Alsacien d‘adoption, M. Langermann s’affirme plutôt comme citoyen du monde.

Et bien que son cœur batte souvent au rythme de réalités dépassant largement le contexte alsacien, il n’en a pas moins les deux pieds bien implantés dans l’Est de la France

C’est vers Barr que se tourne son regard à l’évocation de ses jeunes années : une région où il a conservé de solides amitiés.

Établi à Ingwiller depuis 1967, ce père de trois enfants aurait pu se contenter d’une retraite des plus tranquilles en compagnie de son épouse Annie, au terme d’une vie professionnelle passée au Neuenberg en qualité d’économe de 1967 à 1994.

Numismate à ses heures, il est plus que jamais passionné par ses collections qui sont également synonymes de rencontres et de nouvelles connaissances.

Rudy Langermann fait partie de ces personnes qui s’engagent non pas sur un coup de tête mais sur un coup de cœur.

700 œufs de Pâques en provenance essentiellement de Moravie
C’est au début des années 70 que Rudy et Annie Langermann se lancent dans la création d’une antenne locale de Terre des Hommes France, avant de se jeter quelques années plus tard dans d’autres initiatives associatives et caritatives, dont EEDM (Enfants Espoir du Monde) mis sur pied au niveau régional avec une poignée de passionnés tels Francis Wolff.

Autre passion de Rodolphe Langermann, la photo. Ça lui est tombé dessus à l’âge de huit ans, lors de sa confirmation, lorsque son parrain lui offre un bel appareil.

Et voilà comment notre homme se retrouve aujourd’hui à la tête d’une collection de plusieurs milliers de photos et aussi de diapositives classées avec soin.

Paysages et personnages, animaux et monuments : multiples sont les centres d’intérêt de ce photographe qui aime donner « une seconde vie » à ses clichés, sous la forme de cartes postales aux coloris nuancés.

On pourra s’en rendre compte dans quelques jours, au point Information de Bouxwiller où ses créations seront disponibles du 4 au 29 avril, en même temps que 700 œufs de Pâques provenant essentiellement de Moravie, dans l’ancienne Tchécoslovaquie.

Une présence sur le terrain assumée sous l’égide de deux associations — parmi d’autres — dont il est un membre actif : Solidarité protestante France-Arménie qui a fêté ses 20 ans l’an dernier (www.spfa-armenie.org) et Action Chrétienne en Orient fondé en 1922 (www.aco-fr.org).

L’Arménie occupe sans doute une place privilégiée dans l’engagement de Rudy Langermann. Et s’il en parle avec autant de passion, c’est qu’il a eu la chance de découvrir ce pays en y séjournant.

Ici, pas question d’une démarche touristique mais d’une approche tout à fait différente, enracinée dans le tragique destin du peuple arménien et aussi dans sa vie quotidienne d’aujourd’hui. Et le voici qui se révèle intarissable sur la complexe situation du Haut-Karabagh, cette terre de près de 12 000 km 2 habitée par près d’un million et demi de personnes : un destin déchiré entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan…

« Voyage œcuménique, culturel et humaniste en Arménie »
Prochain rendez-vous en Arménie du 11 au 18 avril pour un voyage bénéficiant de deux accompagnateurs — les pasteurs Florence Blondon et Samuel Sahagian- : ce projet préparé sous l’égide de l’ONG SPFA est qualifié par M. Langermann de « voyage œcuménique, culturel et humaniste ».

Mais attention, inutile de contacter notre homme pour s’inscrire à ce déplacement réunissant près d’une cinquantaine de personnes. « C’est complet et il y a même une liste d’attente. »

Le terme de « passion » peut apparaître galvaudé quand la conversation nous entraîne dans l’évocation de ces fameux voyages. Parfois même il lui arrive d’en être l’organisateur, sous l’égide d’associations comme le Club vosgien d’Ingwiller. Avec au final la découverte d’une trentaine de pays de divers continents, entre Europe, Afrique du Nord et Amérique du Nord.

Et ce n’est pas fini, car on retrouvera ici et là Rudy Langermann pour des conférences avec diapos sur l’Arménie : Buswiller le 30 mars, Furchhausen le 26 mai, etc. Une bonne occasion pour faire connaissance avec ce protestant convaincu aimant marches et randonnées dans la nature, et alliant paroles et actions en faveur d’un « monde meilleur ».

Albert Weber
DNA 20 mars 2011

Il peut apprécier l'Arménie en découvrant un millième de ses profondeurs alors qu'est ce que ce serait s'il découvrait le reste.