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L'accueil des jeux Olympiques d'hiver dans la région de Vancouver sur des terres ancestrales divisent les autochtones, certains contestant son caractère “colonial” malgré d’indéniables efforts de conciliation des autorités.
C’est le cas de Gord Hill, jeune autochtone vancouvérois, qui partage depuis 2007 dans les manifestations son slogan “Non aux jeux Olympiques sur les terres volées” avec le Réseau de résistance olympique, une alliance de plusieurs groupes qui se disent à la fois “anticolonialistes” et “anticapitalistes”.
“Les Jeux se déroulent illégalement sur des terres autochtones alors qu’elles font encore l’objet de négociations dans le cadre du traité entre les Premières nations et la Colombie-Britannique”, dit Gord Hill.
Depuis 2007, ce militant originaire du peuple Kwakwaka’wakw s’est lancé dans une campagne d’information sur son site no2010.com pour dénoncer “l’idéologie colonialiste de l’Olympisme”.
Le Comité d’organisation des jeux Olympiques de Vancouver (Covan) se targue pourtant d’avoir conclu un partenariat exemplaire avec les Musqueam, Lil’Wat, Squamish et Tsleil-Waututh, les Quatre Premières nations hôtes (QPNH), dont les territoires accueillent quinze sites de compétition.
“C’est la première fois dans l’histoire de l’olympisme que des autochtones sont ses partenaires officiels, cela peut servir d’exemple pour l’avenir des relations entre le gouvernement et les Premières nations. Partout dans le pays, nous avons reçu le soutien des communautés”, affirme Hilary Dunn, directrice de la participation autochtone au Covan.
65.000 autochtones à Vancouver. Une centaine d’entreprises autochtones sont mises à contribution pour l’organisation des jeux. Sur les 580 millions de dollars de budget prévu pour l’aménagement des sites, 52 millions sont allés à deux entreprises issues des QPNH pour la construction d’infrastructures sur le complexe nordique de Whistler et de bâtiments dans la vallée Callaghan.
Les autochtones de tout le Canada ont également signé plus d’un million de dollars de contrats, pour des services de traduction et de restauration et des prestations artistiques.
De l’argent bien frais pour les Amérindiens ? Gord Hill hausse les épaules.
“Les Quatre Premières nations, ce sont 6.000 personnes, elles ne représentent pas les 65.000 autochtones qui vivent dans le Grand Vancouver, et qui galèrent pour beaucoup avec la drogue, l’alcool et la pauvreté”, lance le militant. Et si retombées il y a, elles ne seront pas pour eux, pense-t-il.
“A travers les jeux et l’exploitation de la culture amérindienne, le gouvernement canadien veut communiquer au monde entier qu’il est exemplaire dans ses relations avec les autochtones. La pauvreté qui touche nos peuples est une préoccupation de tous les jours, cela n’a rien à voir avec les JO”, tempère le président-directeur général de la Société des QPNH, Tewanee Joseph.
Selon lui, les autochtones du Canada ont une chance de travailler pour les JO et d’investir dans leur avenir comme jamais auparavant.
“Un tiers des royalties issues de la vente des produits dérivés autochtones officiels de Vancouver 2010 sera versé à un fonds d’aide à la jeunesse autochtone (Aboriginal Youth Legacy Fund)”, ajoute Tewanee Joseph.
Entre les opposants et les coopérants, “la majorité des autochtones est indifférente aux JO”, estime pour sa part David Dennis, ancien président des Nations autochtones unies, rassemblant 11.000 autochtones en Colombie-Britannique. “Ils se préoccupent surtout de savoir comment trouver du travail”, dit-il.
Un mouvement anti-olympiques à l'assaut de Vancouver
Unis au sein d'un mouvement de résistance organisé, des écologistes, des altermondialistes, des défenseurs des droits des Amérindiens, des militants antipauvreté et plusieurs autres activistes ont l'intention de manifester dans les rues et à l'extérieur des installations olympiques pendant toute la durée des Jeux d'hiver.
“C'est la première fois qu'un mouvement anti-Olympiques se forme de cette manière”, explique Chris Shaw, professeur d'ophtalmologie à l'Université de Colombie-Britannique et un des porte-parole du Réseau de résistance contre les Olympiques, joint à Vancouver. “Plusieurs groupes qui ne se parlaient pas vraiment avant se sont mis ensemble parce qu'ils voient les Olympiques comme un microcosme d'un problème beaucoup plus large.”
Les protestataires dénoncent le caractère de plus en plus corporatif des Jeux olympiques et estiment que leurs retombées ne justifient pas la facture estimée à 6 milliards $ qui a dû être payée en grande partie par le public pour satisfaire les exigences du Comité international olympique.
Les manifestants accusent aussi les Jeux olympiques d'avoir causé d'énormes dommages à l'environnement en abattant 100 000 arbres avec la construction d'une autoroute entre Vancouver et Whistler. Ils dénoncent aussi ce qu'ils considèrent comme le vol de terres appartenant aux Amérindiens et les évictions illégales dont plusieurs familles à revenus modestes auraient été victimes pour faire place à de nouveaux condos.
Chris Shaw estime que Jeux de Vancouver attireront le même genre de manifestants présents aux sommets de l'OMC et du G20 et marquera peut-être la résurgence du mouvement altermondialiste.
Avec plus de 15 000 policiers et agents de sécurité assignés aux Jeux de Vancouver, M. Shaw et les autres manifestants se sentent de plus en plus surveillés.
Depuis la publication de son livre contre les Jeux olympiques de Vancouver, le professeur d'ophtalmologie affirme même avoir reçu la visite de policiers qui lui auraient dit être “très préoccupés par ce qu'il avait écrit.
“Peu importe le nombre de manifestations que nous ferons, aucune ne justifie d'avoir un policier à sa porte, d'être suivi et aussi surveillé que nous le sommes, dit Chris Shaw. Nous sommes au Canada, et c'est une violation de la Charte.”
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Pour plus d'informations
Le site no2010.com