Anthropologie [modifier]
Au Paléolithique, vivait l'homme de Taforalt et celui d'Afalou : ils étaient de type « cromagnoïde »[19]. Des tests génétiques sur les squelettes de Taforalt ont confirmé l'origine ouest-eurasienne de ce type anthropologique[20].
Au Néolithique, selon M.C. Chamla, l'Afalou fut remplacé par le Capsien de type « méditerranoïde » venant de l'est de la Tunisie. La culture capsienne est souvent décrite comme proto-berbère[21].
D'un point de vue anthropologique[22], la population nord-africaine présente des affinités avec les populations de l'Ouest méditerranéen (Italiens du Sud de la péninsule, Espagnols, Corses, Sardes, Provençaux et Languedociens) et se compose de trois types fondamentaux.
* Le type méditerranéen représente environ 80 % de la population et se subdivise en :
o type ibéro-insulaire et sud-oriental (stature petite à moyenne, dolichocéphale) ;
o type atlanto-méditerranéen (stature moyenne à élevée, mésocéphale) ;
o type saharien (stature élevée, dolichocéphale, face longue à très longue).
* Le type alpin (différent du type alpin européen) (environ 10 %).
* Le type arménoïde (moins de 10%).Écritures tifinagh anciennes, site des gravures rupestres d'Intédeni près d'Essouk au Mali.
Écritures tifinagh anciennes, site des gravures rupestres d'Intédeni près d'Essouk au Mali.
Linguistique [modifier]
La langue berbère appartient à la famille des langues afro-asiatiques (langues couchitiques, copte, langues sémitiques, langues tchadiques…).
La majorité des linguistes sont arrivés à la conclusion que l'afro-asiatique vient d'Afrique orientale[23],[24]. Le proto-Afrasien (afro-asiatique) remonte à 10 000 ans selon certains, et 17 000 selon d'autres[25].
Récits de l'Antiquité et du Moyen Âge
Selon Salluste
Un Libyen peint sur la tombe de Séthi Ier
Un Libyen peint sur la tombe de Séthi Ier
Salluste consacra les chapitres XVII et XIX de son ouvrage La Guerre de Jugurtha à une digression sur le pays de l'Afrique du Nord et ses habitants, d'après les traditions numides et les livres puniques du roi Hiempsal II. Après une description du pays — limites, climat, faune et flore —, l'historien présente les Gétules et les Libyens comme les premiers habitants de l'Afrique, « rudes, grossiers, nourris de la chair des fauves, mangeant de l'herbe comme des bêtes. » Le demi-dieu Hercule mourut en Espagne selon la « croyance africaine », et son armée composée de divers peuples se démantela.
Les Mèdes, les Perses, les Arméniens de son armée passèrent par bateau en Afrique et s'établirent sur la côte.Les Perses s'établirent à l'Ouest, « plus près de l'Océan », habitant dans les coques renversées de leurs bateaux, faute de matériel de construction. Ils s'allièrent par mariage avec les Gétules. Conduits à se déplacer sans cesse, ils se donnèrent le nom de « Nomades » (Numides). Salluste tient pour preuve de ce récit les habitations des paysans numides, rappelant celles des coques renversées de l'armée d'Hercule.
Les Mèdes et les Arméniens s'unirent aux Libyens. Ils « bâtirent des places fortes » et « pratiquaient des échanges commerciaux avec l'Espagne ». Altérant le nom des Mèdes, les Libyens indigènes se seraient mis à les appeler Maures. Par la suite, les Perses et les Gétules grandirent en puissance et s'installèrent à l'Ouest de Carthage sous le nom de Numides. Enfin, ils annexèrent la Libye. La presque totalité du Nord de l'Afrique fut annexée par les Numides, « les vaincus se fondirent avec les vainqueurs, qui leur donnèrent leur nom de Numides ».
Selon Hérodote
Hérodote (484-425 av. J.-C.) dit que les Maxyes — les Berbères — prétendent descendre des Troyens.
Selon Ibn Khaldoun
Ibn Khaldoun (1332-1406) fait remonter l'origine des Berbères à l'Antiquité. D'après lui, ils descendent de Canaan, fils de Cham.
Époque moderne
Répartition des Berbères en Afrique du Nord
Répartition des Berbères en Afrique du Nord.
Chleuhs Zayanes
Rifains Chenouis
Kabyles Chaouis
Touaregs Sahariens
La culture et la langue berbère ont survécu depuis les grandes conquêtes vandales, romaines, byzantines, arabes (VIIe siècle) jusqu'à l'occupation française, en passant par la présence turque.
À partir de 1881, en Kabylie, l'administration française attribuera des patronymes arabes aux populations qui, jusqu'à cette époque, portaient encore pour certains des noms à consonance latine[26].
Ainsi, certains tiennent la colonisation française pour responsable en grande partie de l'arabisation de l'Afrique du Nord à l'instar de l'historien Eugène Guernier qui affirme, en 1950, que la France « facilit[e] la diffusion de la civilisation arabe, par la langue, par la loi et par la foi musulmanes. »[27]
Cette culture reste vivante en Algérie et au Maroc, qui comprennent une grande partie des Berbères. Elle est aussi présente en Libye et en Tunisie et dans une grande partie du Sahara — Touaregs en Algérie, Burkina Faso, Libye, Mali, Maroc, Niger.
En 1980, éclatent les manifestations du Printemps berbère, au cours desquelles les berbérophones de Kabylie réclament l'officialisation de leur langue et la democratie.
En 1996, une réforme de la Constitution algérienne reconnaît la dimension amazigh du pays aux côtés de l'arabe et de l'islam. Parallèlement, les autorités fondent un Haut Commissariat à l'amazighité.
En 2000, la chaîne Berbère Télévision commence à émettre dans cette langue depuis Paris.
Le 17 octobre 2001, le roi Mohammed VI du Maroc crée un Institut royal de la culture amazigh (IRCAM) (site Internet) pour promouvoir la culture berbère.
Vie et culture
Traditionnellement, les hommes s’occupent du bétail. Ils migrent en suivant le cycle naturel des pâturages, et en recherchant des sources d’eau et des abris. Ils sont ainsi assurés d’une abondance de laine, de coton et de plantes pour la teinture.
De leur côté, les femmes s'occupent des biens de la famille et confectionnent les objets artisanaux — tout d’abord pour leur usage personnel, et ensuite pour la vente dans les souks de leur localité.
Les tribus berbères tissent des kilims. Ces tapisseries traditionnelles conservent l’apparence et le caractère distinct de la région d'origine de chaque tribu, qui possède en effet son propre répertoire de dessins. Le tissage d’armure toile est représenté par une grande variété de bandes, et plus rarement par des motifs géométriques, tels les triangles et le losange. Les décorations additionnelles, comme les paillettes ou les franges, sont typiques de tissés berbères au Maroc.
Le mode de vie nomade ou semi-nomade des Berbères convient très bien au tissage des kilims.
Bibliographie
* L'origine des berbères Gabriel Camps in Islam société et communauté. Anthropologies du Mahgreb, sous la direction de Ernest Gellner, les Cahiers C.R.E.S.M, Éditions CNRS, Paris, 1981.
* Arezki, Dalila : L'identité berbère, Paris, Séguier, Biarritz, Atlantica, 2004, ISBN 2-84049-393-4
* Chaker, Salem : Études berbères et chamito-sémitiques, Paris [u.a.], Peeters, 2000, ISBN 90-429-0826-2
* Leguil, Alphonse : Contes berbères grivois du Haut-Atlas, Paris [u.a.], Harmattan, 2000, ISBN 2-7384-9904-X
* Hélène Claudot-Hawad : Touaregs. Apprivoiser le désert, Paris : Gallimard, 2002. (Collection Découvertes Gallimard ; Cultures et société ; n° 418).
* Casajus, Dominique : Gens de parole. Langage, poésie et politique en pays touareg, Paris, La Découverte, 2000.
* Pandolfi, Paul : Les Touaregs de l'Ahaggar. Sahara algérien, Paris, Karthala, 1998.
* Galand-Pernet, Paulette : Recueil de poèmes chleuhs, Paris, Klincksieck, 1972.
* Galand, Lionel : Langue et littérature berbères. Vingt-cinq ans d'études, Paris, Éditions du CNRS, 1979.
* À la croisée des études libyco-berbères. Mélanges offerts à Paulette Galand-Pernet et Lionel Galand, Paris, Geuthner, 1993.
* Galand-Pernet, Paulette : Littératures berbères. Des voix, des lettres, Paris, Presses universitaires de France, 1998.
* Galand, Lionel : Études de linguistique berbère, Louvain/Paris, Peeters, 2002.
* Bougchiche, Lamara : Langues et littératures berbères des origines à nos jours, Paris, Ibis Press, 1997, ISBN 2-910728-02-1
* Leguil, Alphonse : Contes berbères de l'Atlas de Marrakech, Paris, L'Harmattan, 1988, ISBN 2-7384-0163-5
* Féry, Raymond : Médecin chez les Berbères, Versailles, Éd. de l'Atlanthrope, 1986, ISBN 2-86442-013-9
* Hachid, Malika : Les premiers Berbères - entre Méditerranée, Tassili et Nil, Aix-en-Provence, Édisud, 2000, ISBN 2-7449-0227-6
* Allioui, Youcef : Timsal, enigmes berbères de Kabylie - commentaire linguistique et ethnographique, Paris, Éd. L'Harmattan, 1990, ISBN 2-7384-0627-0
* Chaker, Salem : Amaziɣ (le/un) Berbère - Linguistique berbère. Études de syntaxe et de diachronie , Paris, Peeters, 1995, ISBN 2-87723-152-6
* Direche-Slimani, Karima : Chrétiens de Kabylie, Saint-Denis, Éd. Bouchene, 2004, ISBN 2-912946-77-8
* Lucien Oulahbib : Le Monde arabe existe-t-il?, Paris [u.a.], Éditions de Paris, 2007, ISBN 978-2-85162-214-3
Références
1. ↑ Environ six millions de citoyens français sont d'origine berbère (Kabyles ou Berbères arabisés) à la 1re ou 2e génération (Source : Thérèse Delpech, Le retour de la barbarie au XXIe siècle, p194, éd. Hachette, 2007)
2. ↑ (fr) http://www.clio.fr/, article de Salem Chaker, professeur de berbère à l'Inalco, et directeur du Centre de Recherche Berbère.
3. ↑ (fr)Journée d'étude Africa Antiqua sur l'historiographie de l'Afrique du Nord. Voir les remarques de M. Lenoir en fin de compte-rendu
4. ↑ Amazigh par Salem Chaker (Encyclopédie berbère IV, 1987, p. 562-568)
5. ↑ Salem Chaker, article Berbère/langue berbère p.149 dans Berbères ou Arabes, éd. Non Lieu, 2006
6. ↑ Alfred Rosenberg, Le Mythe du vingtième siècle, Deterna, 2005 (réédition 1930), ISBN 2913044212, p42
7. ↑ Les allotypes Gm des immunoglobulines chez les Berbères du Maroc
8. ↑ (en)Arredi et al., Neolithic Y Diversity in North Africa
9. ↑ (en)[pdf]Reduced genetic structure of the Iberian peninsula revealed by Y-chromosome analysis: implications for population demography
10. ↑ (en)Cruciani et al., Phylogeography of the Y-Chromosome Haplogroup E3b : « The distribution of E-M81 chromosomes in Africa closely matches the present area of distribution of Berber-speaking populations on the continent, suggesting a close haplogroup–ethnic group parallelism: in northwestern Africa»
11. ↑ (en)Arredi et al., Neolithic Y Diversity in North Africa
12. ↑ (en)Y-chromosome Lineages from Portugal, Madeira and Açores Record Elements of Sephardim and Berber Ancestry
13. ↑ (en)North African Berber and Arab Influences in the Western Mediterranean Revealed by Y-Chromosome DNA Haplotypes
14. ↑ (en)North African Berber and Arab influences in the western Mediterranean revealed by Y-chromosome DNA haplotypes
15. ↑ (en)[pdf] The Emerging Tree of West Eurasian mtDNAs : A Synthesis of Control-Region Sequences and RFLPs
16. ↑ (en)Mitochondrial DNA transit between West Asia and North Africa inferred from U6 phylogeography
17. ↑ (fr)[pdf] Diversité génétique (allotypie GM et STRs) des populations Berbères et peuplement du nord de l’Afrique
18. ↑ (en)[pdf]Alu insertion polymorphisms in NW Africa and the Iberian Peninsula : evidence for a strong genetic boundary through the Gibraltar Straits
19. ↑ (fr)[pdf] Extension saharienne du type anthropologique de Mechta-Aflou
20. ↑ (fr)Diversité mitochondriale de la population de Tafouralt (12 000 ans BP - maroc) : une approche génétique à l'étude du peuplement de l'Afrique du Nord
21. ↑ (fr)Conférence La place de l'Anthropobiologie dans l'étude du peuplement Berbère. Affirmations, contradictions, conclusions
22. ↑ Marie-Claude Chamla, Les Algériens et les populations arabo-berbères du Nord de l'Afrique du Nord, CRAPE, 1974
23. ↑ (en)The Origins of Afroasiatic
24. ↑ (en)The Afroasiatic Language Phylum : African in Origin, or Asian ?
25. ↑ La plus ancienne écriture de l'Afrique du Nord, le lybique, a plus de 3 000 ans d'âge, Malika Hachid, L’Essentiel, février 2002.
26. ↑ Colonel Jean DUMAURIER, A.B.C.D., La mémoire d'un peuple 1999.
27. ↑ Eugène Guernier, La Berbérie, l'Islam et la France, Ed. de l'Union Française, 1950 :
« (...) au lieu de soutenir la civilisation berbère, la langue, la loi et la foi berbères, nous nous prêtons à leur disparition en facilitant la diffusion de la civilisation arabe, par la langue, par la loi et par la foi musulmanes.[...] L'islamisation et l'arabisation constituent les éléments de la plus grande victoire remportées par les Arabes au Maghreb. Ils constituent également la plus lourde faute de la France devant l'Histoire et devant elle-même. »
J'espere que cela vous interressera. Je me suis penchée sur le sujet car en discutant avec un ami Kabyl on a remarqué que beaucoup de choses nous rapproche. Ca m'a mis la puce à l'oreille