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Arménie Occidentale, 24 Avril 1915

Mon enfant chéri,

Un jour la Terre d’Arménie s’est dérobée sous mes pas, fracassée par la haine imbécile

En tombant, dans un cri, je t’ai serré fort contre moi pour te dérober à l’indicible

Une forte chaleur régnait et je m’inquiétais pour ta santé. Dieu fasse que tu en aies réchappé

Car au pays des Croix de pierre au crime sans nom Il te faudra trouver un havre de paix pour écrire notre nom

Mayrig qui t’aime

Jean Eckian 2008

Avec son autorisation.

http://www.western-armenia.eu/news/index.htm

Père de mon père, je ne sais rien de toi
ni de ton visage, ni de ta voix, ni de ton coeur.
Tu es mort là-bas, sur cette terre qui fut la tienne
et je ne saurai jamais, ni pourquoi, ni comment,
seulement que ce fut une tragédie.
Comme tous ceux dont on ne sait rien,
dont la place est vide, sans une photo,
ni même un objet, une ligne écrite.
Mais je sais aussi, ayant vu vivre et mourir mon père,
que les graines de l'avenir que tu as semées
ont produit des fruits dont tu serais fier.
C'est toujours un peu de toi qui survit
dans le regard, la voix, le coeur de mes enfants.
Et c'est moi qui suis là aujourd'hui
pour te dire avec un poème
que j'honore ta mémoire
et surtout que je t'aime