A l’attention de Monsieur Artak Davtyan
Député de l’Assemblée nationale de la République d’Arménie
Le 29.04.2015
Honorable Monsieur Davtyan,
C’est avec un grand intérêt et surprise que nous avons pris connaissance de votre interview avec Yerkir.am[1] concernant la restitution des territoires de l’Arménie Occidentale.
Monsieur Davtyan, nous sommes d’avis qu’il n’appartient pas à un parlementaire du parti gouvernemental qu’est le parti républicain de la République d’Arménie d’exprimer son opinion sur un aspect primordial et très sensible concernant la recherche de justice dans le cadre du contentieux qui nous oppose à la Turquie.
De tels opinions catégoriques sans véritable fondement, nuance et retenue ne peuvent qu’aggraver et affaiblir nos positions dans une éventuelle communication future arméno-turque.
La déclaration panarménienne du 29 janvier 2015 lue par le Président Sarkisyan met très subtilement sur la table une stratégie future de la nation arménienne sans désigner par avance les parties revendicatrices.
Revenant à la question des restitutions territoriales, saviez-vous Monsieur Davtyan que le 29 décembre 1917, la Russie par un décret officiel a reconnu les droits à l’autodétermination des Arméniens d’Arménie Occidentale jusqu’à leur indépendance. Ce décret est inscrit dans la première constitution russe ([2]).
Et que, l’Etat d’Arménie concernant l’Arménie Occidentale a été reconnu de jure par la conférence de San Remo le 24 avril 1920 et par le Traité de Sèvres, signé le 10 août 1920 par les puissances occidentales et le gouvernement turc de l’époque, ainsi que les frontières de l’Arménie Occidentale attestées par l’arbitrage final du Président des Etats-Unis d’Amérique, Woodrow Wilson qui revêt encore une force juridique puisqu’à aucun moment le Traité de Lausanne signé en 1923 se réfère à l’Arménie et au Traité de Sèvres donc ne l’annule pas….
Monsieur Davtyan, il s’agira de la volonté des Arméniens d’Arménie Occidentale vivant dans le monde, en République d’Arménie, dans les pays de l’ex-URSS, mais aussi et surtout des millions de personnes d’ethnie arménienne islamisées ou d’alévis vivant sur leur terre ancestrale de revendiquer leur territoire de l’occupation turque.
Quant aux territoires arméniens de la région de Kars, la République arménienne de 1918 ayant signé plusieurs Traités avec la Turquie et avec l’Union soviétique sans l’accord de l’Arménie Occidentale, renonça à toutes revendications.
Il incombera donc à la République d’Arménie de 1990 de voir si elle lui est possible de présenter des réclamations comme ce fut le cas en 1946 par l’URSS.
Comment une telle injustice peut-elle être réparée ? Uniquement par des compensations financières ? Ne pensez-vous pas qu’ainsi la mémoire collective de nos martyrs innocents serait pour toujours souillée et l’image de notre nation définitivement abaissée car ayant donné l’impression que tout un noble combat pour la justice était uniquement axé sur des avantages financiers.
Quand bien même si dans l’absolu un génocide est irréparable, les Arméniens d’Arménie Occidentale et leur Etat d’Arménie Occidentale ont droit à l’application de tous leurs droits, la restitution de leurs terres et territoire, la souveraineté, l’indépendance, y compris un ensemble de compensations et d’indemnisations nécessaire afin d’exercer l’exequatur de leurs droits légitimes à reconstituer leur nation et leur civilisation.
Monsieur Davtyan, par cet exposé nous avons voulu vous exprimer la complexité et l’immensité des conséquences du génocide de notre nation pour laquelle une stratégie panaménienne, respectant les droits historiques et juridiques inaliénables des Arméniens de l’Arménie Occidentale, doit être établie.
Avec nos respects
Le Conseil National d’Arménie Occidentale
stat.gov.wa@haybachdban.org
[1] https://www.yerkir.am/am/news/84810.htm
[2] http://mjp.univ-perp.fr/constit/ru1918.htm,
Article 6. Le IIIe congrès panrusse des soviets approuve vivement la politique du Conseil des commissaires du peuple, qui a proclamé l’indépendance totale de la Finlande, entrepris le retrait des troupes russes stationnées en Perse et accordé à l’Arménie le droit à l’autodétermination.