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 HISTOIRE : CONSTANTINOPLE 19 SEPT 1914

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tagyhi

tagyhi


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MessageSujet: HISTOIRE : CONSTANTINOPLE 19 SEPT 1914   HISTOIRE : CONSTANTINOPLE 19 SEPT 1914 Icon_minitimeDim 20 Sep - 11:34

Extrait du livre " EREVAN" de Gilbert SINOUE (Succès du Livre Editions, Flammarion, 2009

...
Et il demanda aux enfants : "alors, êtes vous contents de votre séjour ?
- Ravis !
- c'est vrai. En nous permettant de t'accompagner, tu nous as fait un merveilleux cadeau. Je n'imaginais pas que Constantinople était une si belle ville.
- si grande surtout : renchérit Aram
- Il ne lui manque que la paix du coeur, murmura Hovanès
- La paix tout simplement, rectifia Chouchane. Ne sommes-nous pas en guerre désormais ?
- Oui. Malheureusement.
- Papa pourrait il être mobilisé ?
- Non. Les instituteurs sont examptés. De plus, comme moi, il a dépassé la limite d'âge. L'ordre de mobilisations'adresse aux hommes qui ont entre vint et quarante ans.
Il y eu un bref silence, puis Chouchane murmura timidement :
- Et Soghomon ?
- Le fils d'Hagop Tehlirian ? il est parti faire ses études en Allemagne. De toute façon, il était trop jeune.
Ils gardèrent le silence, les deux enfants dévorant chauqe détail de la ville à pleins yeux, jusqu'au moment où ils arrivèrent devant une bâtisse qui, avec sa petite croix au sommet, ses murs tout blancs, n'était pas sans rappeler les chapelles grecques. Ils mirent pied à terre.
- Vous m'attendrez ici, recomanda Hovanès. Je n'en ai pas pour longtemps.
Et il s'engouffra sous le porche de l'église.
A l'interieur, la multitude de cierges faisait de l'abside un buisson ardent. A part deux vieilles femmes vêtues de noir, agenouillées au pied de l'autel, l'endroit était désert. Dans un flottement d'ombre et de lumière, Hovanès remonta discrètement la nef jusq'à la sacristie. Une fois devant la porte, il frappa deux coups secs, attendit quelques secondes, le battant s'écarta.
Dans la salle, quelques meubles, un prie-Dieu de paille et une armoire vitrée dans laquelle on avait rangé les vases sacrés et les ornements sacerdotaux.
- Soyez le bienvenu, Baron Tomasian, déclara le patriarche Zaven. Nous n'attendions plus que vous.
L'éclésiastique ajusta la saghavart qui couvrait son crâne et désigna la dizaine de personnes rassemblées :
- Je pense que vous connaissez tout le monde ?
En effet, aucune des personnalités quifaisait partie du Conseil politique du Dachnak ne lui était inconnue et tous savient qui était Hovanès. Depuis toujours, et pourla grande majorité d'entre eux, même les plus jeunes, il restait le héros de l'attaque de la Banque Ottomane, celui qui avait osé défier Abdül-Hamîd et ses suppôts. Il fit un geste amical en direction de Vartkes Seringulian et de Krikor Zohrab. Seul Armen Garo était absent. Il avait dû se rendre à Van afin de rencontrer des financiers américains qui, du moins l'espérait-il, accepteraient de financer une voie de chemin de fer reliant Constantinople Erzeroum et Van. Voilà des mois que ce projet, baptisé Chester, était devenu son rêve suprême, son obsession.
Le patriarche invita Hovanès à prendre place et consulta la vieille horloge adossée contre un mur. 10H45.
- Il ne nous reste guère beaucoup de temps mes frères. Les personnalités que nous attendons ne vont plus tarder, aussi je vais aller droit à l'essentiel. Plus de trois mois se sont écoulés depuis notre congrès d'Erzeroum. Trois mois qui ont été le centre d'évènements dramatiques, certainement inspirés par le Malin. Les hommes ont une fois de plus oublié que personne ne sort jamais victorieux d'une guerre, sinon la mort. Une expression soudaine de tristesse passa dans ses yeux.
- Les forces navales anglo-françaises ont bombardé les forts des Dardanelles en réponse au bombardement des côtes ruisses par la flotte du sultan. Depuis huit jours, la Turquie est en guerre. Vous l'avez bien compris : je n'ai pas changé d'avis. Lors du congrès d'Erzeroum, j'ai défendu, comme la plupart d'entre vous ici, une seule idée : celle d'une communauté arménienne loyale où chacun remplirait ses obligations
militaires de notre ami Bedros Haladjian, assuré les chefs de l'Ittihad que chaque Arménien accomplira son devoir civique, que nul ne manquera à l'appel. En échange, il nous a été affirmé que le gouvernement ferait preuve de la plus grande bienveillance à notre égard. C'est pourquoi...
Le patriarche brandit un feuillet qu'il avait tenu dans sa main durant tout ce temps.
- J'ai rédigé ce texte qui sera distribué à travers le pays ainsi qu'auprès des autorités concernées. Je le soumets à votre approbation ; j'ose croire que vous me l'accorderez.
Il ajusta ses lunettes et lu d'une voix claire :

-"Notre pays n'a malheureusement pas échappé à la guerre générale qui a éclaté entre les puissances européennes. Le gouvernement impérial, en appelant à la mobilisation générale, a mis les unités militaires sous les armes, afin d'être prêt à toute éventualité. Ces trois derniers mois, tous les télégrammes et les lettres qui nous sont parvenus de tous les coins de la province nous ont montré que notre peuple, se conformant à l'appel sous les drapeaux, aux réquisitions de guerre et aux directives gouvernementales, aisi qu'aux demandes de fonds pour les besoins divers de l'armée et du gouvernement, a bien volontiers apporté sa contribution, en sorte que la direction prise jusqu'à ce jour confirme la nation arménienne comme partie indissociable de la patrie ottomane, prêtre à tous les sacrifices pour montrer, comme il se doit, sa fidélité et son patriostisme. En outre, nous croyons à props d'attirer tout particulièrement, par la lettre circulaire suivante, l'attention de tous nos primats, coadjuteurs, vicaires et peronnalités officielles sur les points suivants :

1) Que dans les églises et qu'en toutes occasions, oralement comme par écrit, sans arrêt, ils exhortent notre peuple, afin que, comme il a accompli ses obligations à l'égard de la patrie ottomane depuis des siècles, il continue encore à les assumer en toute sincérité, notamment aujourd'hui que le pays a nécessairement besoin d'eux.

2) Que notre peuple réponde volontiers aux appels faits au nom du gouvernement de la patrie; qu'il est nécessaire de l'exhoter, en plus de sa participation matérielle, que, nous en somes certains, il ne refusera pas à ne ne pas ménager sa peine, jusqu'à sa vie, même s'il n'est pas habitué à la vie militaire, lorsque la patrie a besoin de lui.

3) il appartient plus particulièrement aux villes importantes et aux organismes officiels d'adoucir les souffrances inhérentes à cet état de guerre. Il est indispensable d'organiser des sociétés de bienfaisance ou de renforcer celles déjà existances, en faisant appel à la bienveillance et au
patriotisme de la population,, afin de subvenir aux besoins des familles sans soutien des soldats mobilises et d'alléger les souffrances des autres nécessieux et des orphelins. Quand le besoin s'en fera sentir, nous sommes certains que notre peuple saura faire preuve de compassion, qu'il se mettra à la disposition de ses institutions officeilles chargées du repos des soldats et notamment de ceux qui sont malades ou blesses, en servant dans les hôpitaux. Quand les circonstances l'exigeront, notre peuple accueillera bien évidemment dans ses foyers ses frères chrétiens et musulmans. Il n'est pas nécessaire d'insister sur le fait que dans les actes de compassion, l'appartenance religieuse ou nationale ne peut être prise en compte, puisque tous sont les enfants d'une même patrie.

4) et à tous les organismes officiels d'entretenir des relations harmonieuses avec les administrations locales du gouvernement, de les aider dans leurs efforts, d'adresser aux administrations concernées leur
remarques relatives aux agissements non conformes aux lois de certains avec amabilité et en marquant leur affliction devant de tels actes.

5) nous recommandons aussi tout particulièrement à tous nos primats, compte tenu des délicates circonstances actuelles, de se contrôleer, parler et agir sans cesse auvec beaucoup de précautions.
Que la paix de Dieu éloigne de notre patrie et de notre peuple toute souffrance et les préserve de tout danger, qu'il offre au plus vite la paix au monde, et qu'il nous accorde la tous le repos de la vie éternelle.

Signé le patriarche des Armeniens de Turquie, archevêque ZAVEN".

Apres un moment de silence, l'ecclésiatique dit :

-j'attends vos observations.

Hagop Tehlirian prit le premier la parole :

-votre Sainteté, personnellement je ne peux qu'approuver le contenu de ce message. Il a le mérite d'être sans ambiguïte. J'espère seulement qu'il sera reconnu comme tel par le comité Union et Progrès.
Un murmure approbateur salua la remarque de Tehlirian.
Krilor Zohrab ajouta :
-et par les allemands. Leur influence va compter.
Le patriarche secoua la tête avec réprobation.
-là n'est pas le sujet. Il s'agit de nos futures relations avec la Sublime Porte.
- dans ce cas, Monseigneur, permettez moi donc d'exprimer une certaine inquiétude. Lors du congrès d'Erzeroum, nous avons bien reçu une délégation de Jeunes-Turcs et à la requête qu'ils nous ont soumise,
nous avons opposé une fin de non recevoir. N'était ce pas quelque peu maladroit ?
-Ce que la délégation souhaitait n'était pas réaliste. Ces gens auraient voulu que le Dachnak sucite une révolte des arméniens de russie afin de faciliter la pénétration des armées ottomanes en transcaucasie. Une action aussi absurde qu'inexécutable.
-peut être. Mais en échange, ils promettaient- une fois la guerre finie- la formation d'un Etat autonome qui comprendrait l'Arménie russe et plusieurs vilayet d'Erzeroum, de Van et de Bitlis.
- parce que vous pensez, mon ami, qu'ils auraient tenu leurs engagements ? Quelles garanties nous offraient ils ? aucune, hélas. Nous ne pouvions accepter.
-Monseigneur a raison, approuva Vartkes Seringulian. En réalité, leur proposition était un cadeau empoisonné. Le malheur est qu'ils risquent d'exploiter notre refus et de s'en servir comme prétexte.
Le patriarche leva les bras et les laissa retomber.
- nous verrons bien. Si...
Quelques coups frappés à la porte l'interrompirent.
- Rostom, ordonna-t-il à l'un des membres, voulez vous ouvrir ? Ce sont les personnes que nous attendions.
Contre toute attente, ce n'était pas DES personnes, mais ne seule qui apparut dans l'encadrement. C'etait un homme d'une quarantaine d'années, de taille moyenne, le visage épais et rude. Il portait un complet
gris, ouvert sur un gilet de même couleur où l'on pouvait apercevoir la chaîne en or d'une montre à gousset. Il tenait son fez à la main. Sans doute l'avait il ôté en entrant dans l'église.
-Cavid Bey ? s'exlama le patriarche . Où sont les autres ?
- Ils ont été retenus.
Dans la voix de son interlocuteur, le prêtre avait detecté une infime ponte d'hésitation.
- retenus ?
Le turc éluda la question.
-Je ne vais guere pouvoir rester. Je suis juste venu vous annoncer que votre coreligionnaire, Oskan Mardikian, le ministre des Postes, a remis son portefeuille ce maint, à 8 heures. A partir de maintenant, il n'y a plus de rpresentants arméniens au sein du gouvernement.
Il prit une brève inspiration puis :
- je vous informe au_ssi que j'ai moi même démissionné de ma fonction de ministre des finances. Des dirigeants qui prennent la décision d'entrer en guerre lors de la réunion d'un conseil partiel des ministres ne méritent plus d'être servis. Il y a aussi plus préoccupant...
En s'excusant, il se déplaça jusqu'à la fenêtre et écarta le rideau.
- ils ont commencé.
- que se passe t'il, Cavid Bey ? s'affola Zaven.
- poussés par le sultan, les ulémas ont lanc un appel au djihad. Les premiers manifestants défilent actuellent dans le centre de la capitale. A mon avis, il n'y a pas encore lieu de s'inquiéter ; ce ne sont tres vraissemblablement que des figurants auxquels on a jeté quelques piastres, mais c'est déja un début.
Hovanes blêmit.
Chouchane et Aram, songea-t-il. Pourvu qu'ils soient restés sagement devant le parvis !
Pivotant sur les talons, l'ex-ministre reprit :
- je suis triste. J'espérais tant qu'afec l'arrivée au pouvoir de mon parti la turquie changerait de visage
-nous aussi nous avons cru à l'ittihad, dit Tehlirian. (il cita avec amphase ) "Nous sommes tous frères ! il n'y a plus en turquie des Bulgares, des Grecs, des Serbes, des Roumains, des musulmans, des juifs, des chrétiens ! Il n'y a plus que des Ottomans". Qui d'entre nous pourrait oublier ces phrases prononcées par Envers à Salonique ?
-Et il y a à peine six ans, rappela une voix, à l'appel des cadets de l'école militaire, la foule envahissait le cimetière arménien de Férikeuï pour se prosterner devant le tumulus où sont enterres les corps de victimes des massacres de 1896. Cinq jours plus tard, c'est nous qui nous rendions, aux accents de la marche nationale et de l'hymne à la liberté, aux jardins du Taksim où se sont succede des discours exlatant la fraternité des peuples. A croire que cela n'a jamais existé
-c'est exact, dit Cavid Bey. Au départ, tout paraissait si évident. Ils ont tout raté.
Le turc s'inclina devant le petit groupe.
- la pais soit sur vous, messieurs. J'aurai souhaité être porteur de meilleures nouvelles. Helas...
Une voix questionna avec empressement :
-un instant, Cavid Bey? que nous conseillez vous de faire ? ,
Le turc pencha la tête comme s'il confessait son impuissance.
- achetez un truban blanc et gardez le dans votre poche. Si vous vous sentez menacé, sortez le , enroulez le autour de votre fez et criez "je suis musulman !"
L'homme qui avait posé la question battit des paupières, abasourdi.
- Il n'en est pas question ! quand mes frères arméniens su Sassoun se sont fait massacrer, ont ils renié leur foi ?
Mehmet Cavid eut un haussement d'épaules
-dans ce cas, achetez une arme
-une arme ? Ce serait pure folie. Si je tuais un suel de mes agresseurs, on massacrerait tous les miens. Non, finalement je prefere m'en remettre à Dieu.
- à Dieu ?
-Oui, Dieu est miséricordieux
-miséricordieux, répéta Cavid en écartant d'un petit geste un fil imaginaire du revers de sa veste. Bien sûr. Il soliloqua en se dirigeant vers la porte.
- Le monde entier baigne dans le sang. Et Dieu est miséricordieux... oui...
A peine Cavid sorti, Hovanès bredouilla quelques mots d'excuse et fonça au dehors. Haletant, il dévala l'allée centrale et s'arrêta sur le seuil de l'église. Son regard scruta la rue. Ni Chouchane ni Aram n'étaient là ! Ils avaient pourtant promis. Ils se mordit la lèvre jusqu'au sang. Pourquoi avait il accepté de les emmener dans ce voyage ?
Des rumeurs enflaient dans les ruelles avoisinantes dans lesquelles il crut reconnaitre les mots "infidèles" et "Allah".
Il leva les yeux. La tour de Galata accrochait les rayons du soleil. Hésitant, il descendit les marches. Partir à leur recherche ? Et si, dans le même temps, ils revenaient vers l'église ?
Il risqua quelques pas de plus. Un porteur d'eau faillit le renverser. Au bout de la rue, les émeutiers fomaient une masse sombre. Ils devaient être une centaine. La plupart brandissaient des drapeaux trucs, d'autres, une banderole de calicot sur laquelle se detachaient en caractères arabes : Al-jihad fi sabil Allah "le combat sacré sur le chemin de Dieu".
Une femme, apeurée, courut se blottir sour le porche à côté d'Hovanès.
-Panaghiamou, chuchota-t-elle.
Elle s'etait exprimée en grec, et comme elle tremblait, il essaya de la rassurer :
-ne vous inquiétez pas. ils font plus de bruit que de mal
Elle se signa discrètrement.
-Ermeni ?
Il se demanda à quoi elle avait reconnu qu'il etait arménien.
Il confirma
-vous savez ce que m'a dit ma voisine, la semaine dernière ? Une fois vainqueurs, ils vous massacreront, tous, jusqu'au dernier. Et apres, viendra notre tour, les Grecs.
Il ouvrit la bouche pour répondre, mais la voix de Chouchane claqua tout près de lui.
- Oncle Hovanes !
-Bon sang, où etiez vous passés !
-là...
Aram montra une fontaine à l'angle de la rue.
- je vous avais pourtant recommandé de ne pas vous éloigner, fulmina Hovanes.
-votre père a raison, approuva la Grecque. Vous devez rester auprès de lui.
Du pouce, elle traça spontanément une croix sur le front d'Aram et de Chouchane et s'éloigna.
Maintenant la manisfestation était presque parvenue à leur niveau.
- venez ! ordonna Hovanes d'une voix sourde. Et ne lâchez pas mes mains.
Etait ce le soleil qui lui chauffait soudaiement avec plus d'intensité ou l'appréhension qui donnait à Hovanes cette sensation de brûlure au milieu de la poitrine ?
Une voix vociféra :
- La illah el lallah ! Il n'y a de Dieu que Dieu !
Une autre lui fit écho :
-wa Mohammed rassoul Allah ! Et mahomet est son envoyé.
Hovanes allongea le pas.
Projetée dont on ne sait d'où, une pierre frappa violemment l'épaule d'Aram qui poussa un cri de douleur.
- Il sont devenus fous ! hurla Chouchane
-plus vite ! plus vite !
Les enfants avaient du mal à suivre le rythme de l'adulte. Le monde chuchotait autour d'eux, des glissements dans la lumière, des corps frémissants d'angoisse, un vent d'ouest venu de la mer se déployait sur les maisons, même les arbres enflaient méchamment. Non, pensa Hovanes, ce sont des illusions.
Il chassa ces images fantomatiques.
Où aller ?
-j'ai peur ! gémit Aram
Chouchane le rassura.
Une deuxième pierre roula à leurs pieds. Puis une troisième. A présent, des encouragements au meurtre avaient supplanté les versets coraniques. Dans le prolongement de la rue appartut la masse sombre du Rüstem Pasa Hani, le vieux caravansérail et, sur la droite, un bâtiment à l'alllure flamboyante où l'on pouvait apercevoir, flottant au sommet d'une hampe, un drapeau étoilé et deux soldats en faction.
- nous sommes sauvés ! s'exclama Hovanes. Encore un effort !
Déja les deux militaires avaient saisi leur fusil.
- Ne tirez pas ! rugit Hovanes.
Mais la mise en garde était inutile ; les hommes avaient cerné la sitaution. L'un deux tira un coup de fusil en l'air ; l'autre ouvrit la porte et poussa le trio à l'interieur du bâtiment, les enfants en premier.
Une cour. Une fontaine. Un bougainvillier couvrait une partie des murs. L'ombre, la fraîcheur. Autant de signes rassurants.
Aram se jeta dans les bras de sa soeur. Son épaule saignait.
Dehors, le silence était revenu. On n'entendait plus que la très lointaine rumeur du "gué des vaches".
-effendi ?
Un homme en bras de chemise, la soixantaine, venait de surgir dans la cour.
Il demanda avec un accent turc épouvantable :
-que vous est il arrivé ?
Hovanes répliqua en anglais et avec un accent tout aussi épouvantable :
-mon nom est Hovanes Tomassian. Je suis arménien (il présenta Chouchane et Aram) Ma nièce et mon neuveu (et montra l'épaule d'Aram) il faudrait le soigner.
L'homme les examina des pieds à la tête puis :
-pourquoi ces gens vous poursuivaient ils .
-Je n'en sais rien. Ou plutôt, si je sais. Ce matin les responsables religieux ont proclamé le djihad. Alors...
-je vois...Savez vous où vous êtes ?
-j'ai cru reconnaitre le drapeau américain. Ce soit être l'ambassade.
- C'est exact (l'homme tendit une main ferme à Hovanes). Mon nom est Henry Mongenthau. Je suis l'ambassadeur.

...
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MessageSujet: Re: HISTOIRE : CONSTANTINOPLE 19 SEPT 1914   HISTOIRE : CONSTANTINOPLE 19 SEPT 1914 Icon_minitimeDim 20 Sep - 11:38

tagyhi a écrit:


...

- J'ai rédigé ce texte qui sera distribué à travers le pays ainsi qu'auprès des autorités concernées. Je le soumets à votre approbation ; j'ose croire que vous me l'accorderez.
Il ajusta ses lunettes et lu d'une voix claire :

-"Notre pays n'a malheureusement pas échappé à la guerre générale qui a éclaté entre les puissances européennes. Le gouvernement impérial, en appelant à la mobilisation générale, a mis les unités militaires sous les armes, afin d'être prêt à toute éventualité. Ces trois derniers mois, tous les télégrammes et les lettres qui nous sont parvenus de tous les coins de la province nous ont montré que notre peuple, se conformant à l'appel sous les drapeaux, aux réquisitions de guerre et aux directives gouvernementales, aisi qu'aux demandes de fonds pour les besoins divers de l'armée et du gouvernement, a bien volontiers apporté sa contribution, en sorte que la direction prise jusqu'à ce jour confirme la nation arménienne comme partie indissociable de la patrie ottomane, prêtre à tous les sacrifices pour montrer, comme il se doit, sa fidélité et son patriostisme. En outre, nous croyons à props d'attirer tout particulièrement, par la lettre circulaire suivante, l'attention de tous nos primats, coadjuteurs, vicaires et peronnalités officielles sur les points suivants :

1) Que dans les églises et qu'en toutes occasions, oralement comme par écrit, sans arrêt, ils exhortent notre peuple, afin que, comme il a accompli ses obligations à l'égard de la patrie ottomane depuis des siècles, il continue encore à les assumer en toute sincérité, notamment aujourd'hui que le pays a nécessairement besoin d'eux.

2) Que notre peuple réponde volontiers aux appels faits au nom du gouvernement de la patrie; qu'il est nécessaire de l'exhoter, en plus de sa participation matérielle, que, nous en somes certains, il ne refusera pas à ne ne pas ménager sa peine, jusqu'à sa vie, même s'il n'est pas habitué à la vie militaire, lorsque la patrie a besoin de lui.

3) il appartient plus particulièrement aux villes importantes et aux organismes officiels d'adoucir les souffrances inhérentes à cet état de guerre. Il est indispensable d'organiser des sociétés de bienfaisance ou de renforcer celles déjà existances, en faisant appel à la bienveillance et au
patriotisme de la population,, afin de subvenir aux besoins des familles sans soutien des soldats mobilises et d'alléger les souffrances des autres nécessieux et des orphelins. Quand le besoin s'en fera sentir, nous sommes certains que notre peuple saura faire preuve de compassion, qu'il se mettra à la disposition de ses institutions officeilles chargées du repos des soldats et notamment de ceux qui sont malades ou blesses, en servant dans les hôpitaux. Quand les circonstances l'exigeront, notre peuple accueillera bien évidemment dans ses foyers ses frères chrétiens et musulmans. Il n'est pas nécessaire d'insister sur le fait que dans les actes de compassion, l'appartenance religieuse ou nationale ne peut être prise en compte, puisque tous sont les enfants d'une même patrie.

4) et à tous les organismes officiels d'entretenir des relations harmonieuses avec les administrations locales du gouvernement, de les aider dans leurs efforts, d'adresser aux administrations concernées leur
remarques relatives aux agissements non conformes aux lois de certains avec amabilité et en marquant leur affliction devant de tels actes.

5) nous recommandons aussi tout particulièrement à tous nos primats, compte tenu des délicates circonstances actuelles, de se contrôleer, parler et agir sans cesse auvec beaucoup de précautions.
Que la paix de Dieu éloigne de notre patrie et de notre peuple toute souffrance et les préserve de tout danger, qu'il offre au plus vite la paix au monde, et qu'il nous accorde la tous le repos de la vie éternelle.

Signé le patriarche des Armeniens de Turquie, archevêque ZAVEN".

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MessageSujet: Re: HISTOIRE : CONSTANTINOPLE 19 SEPT 1914   HISTOIRE : CONSTANTINOPLE 19 SEPT 1914 Icon_minitimeVen 25 Sep - 18:38

Et ça a l'air de ne deranger que moi... lol
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