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 KHARPERT

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astrig




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MessageSujet: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:13

Les Arméniens du sandjak de Kharpert à la veille du génocide.

1 –En 1914, le sandjak de Kharpert comprenait 68 877 nationaux et 5 157 Arméniens islamisés, répartis dans quatre-vingt-onze villes et villages (Raymond Kévorkian et Paul B. Paboudjian : Les Arméniens dans l’Empire ottoman à la veille du génocide, Paris, Arhis, 1992). Environ 26 917 personnes avaient émigré. Le caza de Kharpert, avec ses cinquante-sept villes et villages arméniens, abritait 39 788 nationaux, soixante-sept églises et quatre-vingt-douze établissements scolaires. La forteresse de Ziata, dominant la ville médiévale fut le siège des princes d’Ansit. La ville s’étale sur les flancs d’une chaîne du Taurus. À partir de 1834, une partie de la population s’installa à six kilomètres au sud de Kharpert, à Mezré/Mamouret-ul-Aziz.

2 – En 1914, à Kharpert, on comptait 4 248 Arméniens contre 8 736 Turcs, alors que Mezré en abritait 4500 contre 2920 musulmans. La ville haute de Kharpert comprenait quatre quartiers arméniens groupés en quatre paroisses : Saint-Garabèd, Saint-Jacques, Saint-Étienne et Chinamoud. Le Eprad College, d’obédience protestante, forma les élites locales jusqu’en 1915. Un théâtre national fut fondé en 1880. Concernant la presse locale, il existait une revue, Eprad, créée après la révolution jeune-turque, et un hebdomadaire, Aménoun hamar. La région était connue pour ses soieries, ses tapis, son travail du cuivre et ses tanneries.

3 – Mezré, chef-lieu officiel du vilayet de Kharpert, développé grâce aux Arméniens de Kharpert, Agn et Palou, comprenait plusieurs églises apostoliques de quartier, une église catholique, un temple protestant et neuf établissements scolaires. L’hôpital américain y fut fondé après les massacres de 1895. Le bourg d’Husseynig, à flanc de coteau, au sud de Kharpert, composé de quelques habitations troglodytiques, était habité par 6 090 Arméniens contre 800 Turcs. On y pratiquait la taille des pierres et la fabrication du savon. Le caza de Gaban-Madèn, devenu Kéban-Madèn en période ottomane, prospère pour ses mines d’argent, de fer et de cuivre, abritait 289 Arméniens.

4 – Situé sur la rive droite de l’Euphrate, le caza d’Arapkir comptait 10 880 Arméniens dispersés en cinq localités. La ville d’Arapkir, établie sur la rive gauche du fleuve, dans un site en amphithéâtre, comprenait des maisons souvent construites à trois niveaux et toits plats, entourées de vergers et de vignobles. 9 523 Arméniens y côtoyaient 6 744 Turcs en 1914. L’évêché apostolique y entretenait quatre édifices religieux et sept écoles. Catholiques et protestants y étaient également présents. La ville travaillait la filature, les cotonnades et les armes à feu.

5 –Le chef-lieu Agn du caza d’Agn/Egin, fondé par des colons du Vasbouragan et des Arméniens fuyant la capitale bagratide Ani, et situé près de l’Euphrate, sur un éperon rocheux, doit son nom au torrent qui irriguait toute la ville pour alimenter des moulins et des tanneries. Plusieurs églises implantées dans la partie haute, dont celle de Saint-Grégoire fondée vers 1320, et deux monastères témoignaient de la vie religieuse d’une population arménienne comprenant 7 720 habitants et 6 000 Turcs au début du XXe siècle. Orfèvres et joailliers, mais aussi banquiers qui, à Constantinople, jouèrent un rôle essentiel dans les finances ottomanes entre 1750 et 1850, les « Agntsi » échappèrent aux massacres de 1895 contre de fortes sommes d’argent, mais eurent 3 000 victimes l’année suivante. 5 000 personnes s’exilèrent pour Constantinople, l’Égypte et le Caucase.



©️ Denis Donikian



Ces fiches restent la propriété exclusive de l’auteur. Usage partiel à des fins pédagogiques autorisé à condition de citer le nom de l’auteur et la source. On peut les retrouver dans la rubrique Histoire du site Yevrobatsi (l’Européen) sour le titre “Fiche pédagogique du génocide arménien”.


Dernière édition par astrig le Mer 29 Avr - 20:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:15

http://www.geocities.com/Heartland/Ridge/6925/homeland3.htm
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:18

http://www.armeniapedia.org/index.php?title=Kharpert
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:21

la ville de Kharpert ( éthymologiquement "la citadelle de pierre") domine du haut de ses falaises la plaine environnante. C'est sur ces hauteurs que la population arménienne réussit à maintenir sa présence adossée à une ancienne citadelle .

http://74.125.39.104/search?q=cache:KzKq5zCTWdcJ:voyageenarmenie.free.fr/dzopats.htm+kharpert&hl=fr&ct=clnk&cd=4&gl=fr
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:23

http://www.armenews.com/IMG/bulletin_de_l_union_compatriotique_des_Kharpertsi_des_Etats_Unis_1938.pdf
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:33

The March from Kharpert

http://www.chgs.umn.edu/histories/armenian/thearmenians/theMarch.html
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:40

LE JOURNAL DE HANS BAUERNFEIND (1)

B - Les déportés de Sivas et de Mezré/Kharpert;
les préparatifs de déportation à Malatia


2 juillet 1915— [...] Hier après-midi, Haschim beg, notre voisin, est venu nous voir. La seule chose qu’il nous a dit fut: “Les Arméniens seront tous envoyés en bannissement dans la région d’Ourfa”. Si cela aboutit à un bannissement général, la mesure est incroyablement cruelle et inutile [...] L’exécution de cette peine correspond toutefois entièrement au bas niveau intellectuel et moral du pays et paraît dans les cas particuliers infiniment cruelle et arbitraire. C’est également pour cette raison qu’il faut fermement la qualifier de massacres, même si, à la différence des massacres des années 1895/96, ceux-ci se déroulent sous la forme fastueuse d’un meurtre judiciaire qu’on déguise en nécessité patriotique devant le public et qu’on justifie, sans presque aucune raison, en citant l’exemple des Allemands en Belgique.

4 juillet 1915 — [...] Au marché, on a proclamé que d’ici à quatre jours toute la population arménienne sera envoyée en bannissement à Ourfa. Si on exécute cette mesure dans toute son ampleur, cela causera une détresse que seul quelqu’un qui a vécu en Orient peut apprécier. Si l’on entend par là [appliquer] une peine, celle-ci est infiniment cruelle et arbitraire [...]

5 juillet 1915 — [...] Nous n’avons aucune idée de ce que le gouvernement compte faire avec tous les malades, infirmes, invalides, etc. Les enfants qui resteront ici seront envoyés à l’école par le gouvernement. On a proclamé que ceux qui désirent accueillir un enfant sont priés de le signaler [...]

8 juillet 1915 — [...] Ce matin, la femme et la mère du maître tailleur protestant Avédis sont venues nous voir. Elles ont raconté que tous les Arméniens portent sur eux du poison pour s’empoisonner tout de suite au cas où ils seraient déportés. «Nous ne voulons pas renier le Christ». Cela fait bien martyre, mais se déprécie vite si on considère que toute cette histoire n’a rien à voir avec le christianisme. En effet, les Turcs n’exigent même pas que les Arméniens se fassent musulmans. Avec ça, je n’ai naturellement pas l’intention de nier que durant l’exécution inhumaine de cette procédure criminelle — purement politique d’après les lois de la guerre — contre un peuple dangereux et suspect, le fanatisme n’a pas joué un rôle important chez quelques acteurs, sous le couvert des lois martiales. Mais ceux-ci ne visent pas à la conversion forcée des Arméniens, mais à leur extermination. A mon avis, le fait que quelques puissants hommes locaux, comme Haschim beg et ses fils par exemple, cherchent à s’enrichir avec les biens des Arméniens tués — en quelque sorte un butin de guerre — a joué un rôle important dans tout cela. Il paraît d’ailleurs que depuis peu on se nourrit ici de l’espoir que l’exode n’aura pas lieu. Ce serait un grand bienfait, car si on déporte tous les malades, les femmes enceintes, les infirmes sans aucune nourriture et dans les angoisses continuelles de la mort, cela engendrerait une inexprimable détresse. On dit que près du Tochmassou campent, dans une terrible misère, des milliers de déportés venus des région de Sivas et d’Erzeroum. à présent, des femmes turques font souvent peur aux Arméniens en leur [disant]: «On a creusé ça et là des puits profonds dans lesquels on va tous vous jeter», etc. Les autorités exigent maintenant la signature de beaucoup de gens sans expliquer à quoi cela sert. Nous ne savons pas [non plus] ce que cela veut dire [...]

9 juillet 1915 — [...] Ce matin, nous avons de nouveau vu arriver environ cent Arméniens de Mezré. Ils ont campé un certain temps près des broussailles, entre nos terrains et ceux de Haschim beg. Ils viennent avec des charrettes, des vaches, des ânes et d’autres biens, en petits groupes, accompagnés par des gendarmes et des Kurdes armés. D’après tout ce qu’on peut observer de loin, il ne m’ont pas laissé l’impression d’une misère extraordinaire [...]

10 juillet 1915 — [...] Je donne un seul exemple pour illustrer combien, après la liquidation des Arméniens, l’artisanat est à présent en friche: aujourd’hui, nous avons voulu faire souder l’oreille d’un arrosoir, mais cela s’est révélé impossible, car il ne reste plus un seul ferblantier dans toute la ville [...]

[...] Au cours de l’après-midi, je suis venu voir le mutessarif [...] Il paraît qu’il met toute la responsabilité sur le compte du remplaçant. A ma question concernant les travailleurs arméniens restés sur place, il m’a repondu que leurs vies n’étaient pas en danger (?); il aurait en outre demandé qu’ils ne soient pas envoyés à Ourfa à cause des travaux nécessaires ici [...]

Que toutes ces histoires de bombes et de pogroms [allusion probable à «l’insurrection» de Van] soient véridiques ou qu’il s’agisse de fausses nouvelles émanant des acteurs pour légitimer toutes les mesures prises contre les Arméniens d’ici — on n’a pas trouvé de bombes malgré toutes les recherches faites —, nous ne le saurons probablement jamais. Les deux versions sont possibles [...] D’un autre côté, les Arméniens d’ici n’ont rien fait qui puisse causer de l’inquiétude au gouvernement. Une peine de bannissement eût été largement suffisante et, en cas de besoin, quelques exécutions militaires de coupables avérés, dont on n’a, à ma connaissance, même pas trouvé trace ici. On ne peut pas plus interpréter les événements qui ont eu lieu ici comme l’expression d’une indomptable colère populaire ou comme une concession faite à une volonté populaire passionnée, car de cela nous n’avons riens éprouvé du tout. Il s’agit plutôt d’un meurtre judiciaire, parfaitement manigancé depuis longtemps, que quelques fonctionnaires ont sur la conscience. On doit ou on peut supposer que s’il n’existe pas un ordre manifeste provenant d’en haut, on a au moins donné exprès des instructions ambiguës, ce qui a laissé une certaine liberté d’action aux acteurs impliqués. Et si toutes les confiscations d’armes avaient peut-être été déjà faites dans cette perspective ? [...]

11 [juillet 1915], à 10h 30 du soir — Ce matin, le maître Aaron est venu chez nous, mais heureusement et sagement il ne nous a rien demandé du tout. Il y aurait encore douze ouvriers arméniens, ainsi que, dans certains quartiers, quelques vieillards et jeunes garçons qui, quand on les trouve, sont aussitôt versés dans les [bataillons] d’ouvriers. Sénékérim Vorpérian, le frère de Nichan, est encore chez lui et serait à peu près guéri de sa maladie. Concernant le sort de tous les autres hommes, il ne court que des suppositions et des bruits, mais assez concrets.

Les garçons libérés par le mutessarif — mentionné page 37 — ont de nouveau, à son insu, été immédiatement arrêtés, ainsi que beaucoup d’autres, dont le neveu de maître Aaron. Celui-ci s’est adressé à ce sujet au mutessarif qui a volontiers accepté d’examiner cet affaire et chargé maître Aaron d’envoyer chez lui, le lendemain matin, Wahub effendi, le responsable turc du groupe du travail, pour avoir la liste des garçons concernés. Celui-ci aurait répondu — on ne sait malheureusement pas s’il s’agit de la réponse du mutessarif ou de son propre avis — qu’il était vraiment regrettable que maître Aaron ne soit pas venu la veille, car les garçons n’étaient déjà plus là. Comme maître Aaron l’a prié de lui dire franchement s’ils étaient encore vivants ou ce qu’ils étaient devenus, il lui a répondu que cent cinquante personnes, dont la culpabilité était établie, avaient été décapitées et cinq cents autres individus envoyés à Ourfa. Les garçons se trouveraient probablement parmi ces derniers, mais on ne pourrait entreprendre d’autres démarches qu’après avoir reçu la liste de ceux qui seraient parvenus à Ourfa.

Il faut toutefois remarquer:

1) à notre connaissance, il n’y a ici aucune cour martiale compétente qui aurait pu condamner les cent cinquante personnes mentionnées.

2) S’il s’était agi d’une procédure légale, pourquoi n’ont-ils pas été exécutés militairement et en public ?

3) Nous considérons qu’il est absolument impossible qu’il se soit trouvé ici cent cinquante criminels dignes du supplice suprême, d’autant qu’aucun véritable crime n’y a été commis et attesté.

4) Pourquoi n’a-t-on pas publié les noms et les motifs de culpabilité des suppliciés?

5) Si les cinq cents hommes mentionnés ont vraiment été envoyés à Ourfa, pourquoi le cacher? Arrêter sans motif des hommes et des garçons dans les maisons ou dans la rue et les «envoyer à Ourfa» de nuit, sans que personne ne sache ce qu’ils sont devenus, ne peut pas être une chose conforme à la loi et cela paraît extrêmement suspect.

Il nous reste une seule explication: c’est que ceux qui ont été «envoyés à Ourfa» sont malheureusement morts en chemin — nous en aurons la confirmation plus tard —, c’est-à-dire qu’un saptieh les escortant les a aidés à mourir, ou qu’eux ou plutôt leurs âmes se sont «évadés»! Toute cette affaire diabolique, impeccable en apparence, n’est en vérité qu’une [succession] d’abominables atrocités, dont les traces seront difficiles à découvrir à tout jamais.

Il faut espérer que la réponse de Wahub effendi n’a pas été inspirée par le mutessarif, car il nous serait difficile de supporter que lui aussi ment à ce point. Pourtant, il n’est guère plausible qu’il ne sache pas ce que «envoyer les hommes à Ourfa» signifie [...]

Les gens disent que bientot sept mille Arméniens de Mezré vont passer par ici.

12 juillet [1915] dans la matinée — Voici peu, nous avons vu arriver en bloc un convoi que j’estime à environ deux mille [personnes]. Il y avait en tête quelques jailes (voitures), suivies par beaucoup d’ânes et d’autres bêtes de somme, par des gens en majorité à cheval ou marchant à côté, hommes, femmes et enfants numériquement en proportion normale. Ils ont avec eux de la literie et d’autre effets, de même que des chars à bœufs ou à buffles chargés de biens, des saptieh et des soldats les accompagnant en nombre suffisant, mais tout de même pas au point de menacer ces gens. Bref, tout ce que nous avons vu était parfaitement en ordre: pas trop de bruit, pas de cris et de lamentations. Ah, si les choses pouvait également se passer de la même manière chez nous. Mais ceux qui vont partir d’ici ne sont que des femmes et des enfants [...]

D’après les nouvelles apportées ce soir de la ville par Habèch et Mahmoud, il s’agit de huit cents familles, c’est-à-dire de trois à quatre mille personnes, provenant non seulement de Mezré, mais aussi des villages alentour. Durant la nuit, on a logé les hommes dans la caserne et les femmes dans l’école turque contiguë. Demain matin de très bonne heure, ils vont partir. Pour arriver ici, ils ont mis dix jours (pour 100 km) — la traversée de l’Euphrate pose les plus grands problèmes. Cent cinquante saptieh les escortent. Quand on a décompté les gens ici, trois filles manquaient à l’appel. L’officier responsable aurait sévèrement ordonné de les trouver avant le lendemain. Le bruit court qu’elles seraient tombées à l’eau dans la cohue de la traversée. Cela est très possible, mais il est tout de même étrange que personne n’ait rien remarqué [...]

Tout à l’heure, nous avons observé, sur la route de Sivas, nombre de chars à buffles et environ mille à deux mille personnes venant de la direction de Sivas, sûrement encore des Arméniens de cette contrée [...]
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astrig




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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:52

LE JOURNAL DE HANS BAUERNFEIND (2)

B - Les déportés de Sivas et de Mezré/Kharpert;
les préparatifs de déportation à Malatia

16 juillet 1915 — [...] Ce matin un potier arménien, qu’on a mis volontairement à notre disposition pour une petite besogne, est venu chez nous. Il prétend que ceux qui sont venus de Mezré ont été pillés en route et qu’ici on leur a enlevé tous leurs biens [restants]. Les hommes auraient été envoyés en avant pour être assassinés en route. Ce serait le sort de chacun [...]

Veronika, [la femme du Dr. Mikaël], qui parle du reste avec sobriété et objectivité et ne rapporte pas d’histoires horribles et des nouvelles à sensation, nous a appris que les femmes arméniennes qui vont au marché, comme elle ici, ne sont plus du tout importunées; de même, on ne pille plus les maisons de nuit. Pour l’instant, on envisage de renoncer à expédier la population féminine locale. Le mutessarif se serait montré aimable, attendri et ému, quand il a reçu la pétition qu’elle et d’autres femmes lui ont présentée. Moustapha agha fait également de son mieux. Nombre de femmes arméniennes ont pu trouver asile dans des maison turques, par exemple chez Arab Osman. Les femmes de Sivas qui ont été logées dans une école du marché ont repris leur marche tout à l’heure. D’après Habèch, celles de Mezré, dont les maris ont été immédiatement envoyés en avant au cours de la nuit précédente — d’après l’opinion générale, pour apparemment être à leur tour assassinés en chemin —, ont aussi été expédiées. Des enfants de Sivas, restés ici pour être envoyés dans une école turque, ont été libérés pour pouvoir aller mendier du pain dans la rue. Le mutessarif a d’ailleurs été visiter l’école pour leur faire distribuer du pain. Neuf charrettes chargées d’enfants de la région de Sivas sont arrivées aujourd’hui. Les enfants ont confirmé qu’ils avaient été séparés de leurs parents en chemin pour aller à l’école ici; ils ne savent pas ce qu’il est advenu à leurs parents. Parmi les gens venus de Mezré, sept (ou douze) personnes auraient été rappelées par le vali, probablement pour être pendues.

Nous avons encore entendu d’autres rumeurs plus ou moins vérifiables. Cela renforce de jour en jour nos soupçons, à savoir qu’il s’agit bien d’une cynique politique de liquidation générale visant les Arméniens. Les apparences sont impeccables: condamnation légale des fomentateurs de séditions, bannissement de la population restante à Ourfa. Mais, en route ou déja sur place, on assassine en secret autant d’hommes que possible; en général on laisse vivre les femmes, ce qui signifie qu’on les laisse périr; il en est de même pour les enfants, ou on les fait turcs. Après quoi, on dira qu’on a rassemblé à Ourfa autant d’Arméniens qu’il était possible. Mais qui voudra contrôler combien d’entre eux y sont effectivement arrivés? La Turquie essaie de voir jusqu’à quel point elle peut prendre ses libertés avec l’Allemagne et jusqu’à quel point l’Allemagne se laissera tromper. Nous craignons qu’elle ne spécule, avec un succès croissant, sur une politique extérieure allemande faible et bien à tort indulgente pour des considérations d’amitié [...]

L’actuel plan général de persécution des Arméniens est plus diabolique que celui de 1895/96. Nous espérons toujours que nous voyons tout en noir. Mais, jusqu’à présent nous avons toujours vu trop blanc et avons toujours été dupés de la plus horrible des manières. Les motifs [invoqués par les Turcs] peuvent être plausibles — les Arméniens ont commis bien des fautes. Mais la plupart des faits [reprochés] sont à coup sûr arbitrairement exagérés et généralisés par le gouvernement. Il n’y a aucun doute sur le fait que des cruautés inhumaines et des choses illégales ont eu lieu et continuent d’avoir lieu. Si, face à ces faits, le gouvernement allemand ne représente pas avec une rigueur et une sévérité extrême la cause du droit, il en sera fini de l’estime portée à l’Allemagne et également du christianisme, et les dommages causés seront inestimables.

Au han, des femmes ont raconté que dans les villages des alentours de Sivas elles auraient montré les endroits où les hommes avaient enfoui des fusils; qu’à la suite de quoi ces hommes avaient été fusillés en présence de leurs femmes et celles-ci envoyées en bannissement. à cela, il n’y a rien à opposer [...]

17 [juillet 1915], à midi — [...] Pour nous protéger au moins superficiellement contre la puanteur insupportable, nous trempons nos mouchoirs d’eau de Cologne et nous accrochons des serviettes trempées de phénol aux fenêtres de la chambre à coucher le soir. Nous ne savons pas si cette puanteur se dégage d’Indära ou des tranchées du versant. Nous supposons qu’à Indära il s’agit de centaines de cadavres [en décomposition] et au versant de douzaines, peut-être même de centaines.

Dimanche, 18 [juillet 1915], à midi — Hier soir, à 6h, nous avons observé d’Eiwa l’arrivée en provenance de la route de Sivas de deux mille personnes — d’après mes estimations —, avec des bêtes de somme et des chars à buffles, en colonne, accompagnées par des saptieh et des bachi bosuk, c’est-à-dire des soldats irréguliers. Elles ont pris le chemin rural pour arriver au champ adjacent à la route de Mezré, devant le cimetière turc qui jouxte notre terrain du nord. Khorèn prétend qu’il peut les identifier comme étant des paysans arméniens de la région de Sivas. Il s’agit d’hommes, de femmes et d’enfants. Nous avons pensé qu’ils allaient être rassemblés ici, et y passer la nuit, comme récemment les gens de Mezré dans la caserne et l’école, puis repartir pour Ourfa. Mais à notre très grande surprise, cette foule est repartie peu de temps après en sens inverse, c’est-à-dire en direction de Mezré,en laissant derrière eux beaucoup de literie sous la surveillance de gardes [...]

Le détour du convoi vers Mezré paraît extrêmement suspect, car on n’a pas de raisons pour envoyer la population de Mezré à Ourfa via Malatia et les gens de Sivas via Malatia-Mezré [...]

Quand Habèch est parti tout à l’heure pour aller au marché, je l’ai chargé de s’enquérir du lieu où les gens sont allés la veille et pourquoi ils avaient abandonné leur literie. Il m’a répondu en hésitant: « à quoi bon demander au gens des choses que tout le monde sait. Pas loin du Jechl Han — une colline située à 200 ou 300 m d’altitude, au nord de la route de Mezré, à une demi-heure d’ici —, une grande fosse a été creusée, ils vont tous “se perdre” la-bàs. Ces gens ont abandonné ici leur literie et leurs biens restants, parce qu’ils n’en avaient plus besoin. Quatre mille familles de Sivas ont été envoyées ici: cinq cents d’entre eux sont parvenus ici. En chemin, ils ont été séparés en groupes, qui ont été exterminés un à un de temps en temps, y compris des femmes et des enfants». Nous sommes restés assis, sans dire un mot et en soupirant de temps en temps, complètement accablés, car nous devons croire tout cela, après tout ce que nous avions déjà observé nous-mêmes [...]

Si la veille, vers 10 ou 11h, les bachi bosuk avaient suivi en grand nombre le convois, c’est probablement parce que l’escorte de gendarmes n’était pas parvenue à massacrer toute seule une telle foule de gens. Et nous, les «alliés et frères» des Turcs, sommes forcés de tout laisser faire sous nos yeux [...]

Entre temps, Veronika est revenue. On dit que demain la population de Malatia va être envoyée — il semble qu’elle se doute seulement de ce que signifie le mot «envoyer». Même ceux qui se cachent dans des maisons turques seraient concernés. Elle pourrait partir, mais que va devenir sa vieille mère presque aveugle? [...] Tous les avoirs des Arméniens seraient classés proprieté du gouvernement. On aurait en effet confisqué ici même toutes leurs sommes d’argent et tous leurs bijoux aux Arméniens de Mezré. Les enfants de Sivas se trouvant encore dans l’école reçoivent, selon leur âge, un ou deux petits pains par jour — complètement insuffisant. Elle [Veronika] sait aussi qu’en chemin les convois sont divisés en groupes de plus en plus petits et sont envoyés dans différentes directions.

L’aspect mentionné ci-dessus me paraît être de première importance pour comprendre tout le processus: sous le prétexte d’une nécessité stratégique, le gouvernement n’a pas seulement la possibilité idéale d’enfin résoudre radicalement «la question arménienne», mais il se débarrasse ainsi de tous les difficultés financières de la guerre. Les missionnaires allemands vont s’occuper des misérables qui resteront, chose qu’on va généreusement leur permettre de faire après quelques tracasseries. Pour raviver la vie économique, détruite par la liquidation des Arméniens, c’est encore aux Allemands qu’on aura recours. Si les Turcs n’ont plus besoin de nous, on nous donnera un coup de pied et nous n’aurons plus qu’à partir. Les motifs religieux ne jouent leur rôle que parmi les autorités religieuses, qui jettent de l’huile sur le feu, mais on n’en remarque aucune manifestation au sein de la population. Il s’agit en tout point d’une mesure d’ordre politique. Les Grecs et les Syriens par exemple sont épargnés et les Allemands ne sont seulement en danger qu’en tant que témoins gênants. Le sentiment que les Allemands sont devenus musulmans ou sont en train de le devenir est très répandu au sein de la population. Si le gouvernement allemand ne se montre pas extrêmement prudent et, surtout, ferme et sévère à l’égard de la Turquie, des [conséquences] catastrophiques sont également prévisibles pour l’Allemagne.

20 juillet 1915 — Un grand nombre de femmes arméniennes honorables cherchent à éviter l’exil en se convertissant à l’Islam. Mais nous doutons beaucoup que le gouvernement l’accepte, car il n’a pas l’intention de faire du prosélytisme, mais de mettre hors d’état de nuire une population politiquement dérangeante. Hier après-midi, Veronika est revenue. On a annoncé que les Arméniens devaient rapidement terminer tous leurs préparatifs. Elle nous a encore suppliés de lui donner un conseil concernant sa vielle mère. Nous l’avons renvoyée à la femme du mutessarif, qui l’a aimablement accueillie, lui a longuement parlé et promis de faire de son mieux.

Aujourd’hui encore, beaucoup d’Arméniens sont arrivés. Au marché, on a du mal à trouver quelque chose, parce qu’ils achètent tout. à présent, les prix y sont en effet incroyablement élevés. Les concombres et autres produits similaires pourrissent vraisemblablement dans les villages, et il n’y a plus personne pour les apporter au marché.

21 juillet 1915 — [...] Cet après-midi, mille ou deux mille Arméniens de la région de Sivas sont arrivés avec des chars à buffles et campent le long de la route. à 3h, nous sommes allés nous baigner. Nous étions en train de le faire, quand Makrouhi est arrivée en courant, tout excitée, et a crié de la rive que des Américains de Sivas arrivaient en tant que prisonniers de guerre. Nous nous sommes rapidement rhabillés, mais n’avons trouvé qu’une demoiselle américaine de Sivas, Miss Graffen, accompagnée d’une vieille femme de pasteur, dans notre salle de séjour. Elle n’était pas prisonnière mais accompagnait à titre bénévole les Arméniens de Sivas jusqu’à Ourfa, pour voir si tout se passait bien et en témoigner, ainsi que pour les assister en chemin en cas de maladie ou d’autres difficultés. C’est une entreprise dangereuse, pleine d’embarras et des privations les plus dures, mais digne de reconnaissance et précieuse au dernier degré. Il faut vraiment avoir du courage, être disposé au sacrifice et être sage pour faire cela. C’est un véritable plaisir, que nous sommes seuls à pouvoir comprendre, de parler de tous ces événements avec une personne pareille et de recevoir des nouvelles précises des autres régions et du procédé de bannissement en général. Je vais essayer de restituer de manière ordonnée l’essentiel de tout ce que Miss Graffen nous a appris.
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:54

LE JOURNAL DE HANS BAUERNFEIND (3)

B - Les déportés de Sivas et de Mezré/Kharpert;
les préparatifs de déportation à Malatia

22 juillet 1915 — D’abord au sujet de l’attitude du gouvernement et de sa politique arménienne. Par suite de la désertion de plusieurs Arméniens au profit des Russes — il s’agissait pour la plupart d’entre eux de gens originaires de l’intérieur ou qui avaient échappé au service militaire en payant le bedell (une rançon) —, par suite des insurrection dans la région de Van et d’incidents du même genre, et finalement à cause du fait qu’on avait découvert dans différentes régions du pays les préparatifs d’une insurrection armée destinée à soutenir les Russes dans leur offensive contre l’ état ottoman, on a pris un certain nombre de mesures. D’après ce que presque tous les fonctionnaires et connaisseurs interrogés confirment, les membres des partis révolutionnaires devaient être exilés ou condamnés à mort — toutefois les exécutions n’ont presque jamais eu lieu en public, mais plutôt comme si on emmenait des gens par groupes au travail, le chef du groupe ayant l’ordre de «perdre» un certain nombre des personnes mentionnées sur une liste. On a récemment donné l’ordre d’exiler toute la population arménienne à Ourfa, partiellement aussi à Mossoul, ou, d’après d’autres rapports, en Mésopotamie. On a maintes fois donné l’ordre de ne pas porter atteinte aux biens et à la vie des Arméniens. On a effectivement, à plusieurs reprises, exécuté des Kurdes qui avaient violé cet ordre. Dans la mesure du possible, on prend soin du bon déroulement des immenses transferts de populations et de leur approvisionnement en cours de route. Mais dans les conditions actuelles, on ne peut souvent rien faire. L’attitude du gouvernement paraît généralement correcte. Compte tenu de sa position effectivement très compliquée à l’égard des Arméniens et face au danger russe, il va de soi que tout a été fait dans la précipitation et n’a pas pu être préparé et organisé comme cela l’eût été en temps normal. Nous avons cependant un doute, à savoir que le gouvernement n’aurait pas, au moins au début, volontairement laissé carte blanche à certains, et que les autorités locales n’auraient pas osé agir contre eux, comme elles l’avaient fait jusqu’alors, s’agissant toujours de quelques fonctionnaires ou de particuliers influents. On dit toujours, ici, que tout se fait sur ordre du gouvernement allemand. Néanmoins, il est utile et réconfortant pour nous d’apprendre que nombre d’officiers allemands, sur le front du Caucase, sont indignés par certaines mesures [prises] contre les Arméniens, alors que d’autres, comme Postelt Pascha15, voudraient qu’on les liquide tous. Mlle von Wedel, une Norvégienne, et Eva Elbers16, qui ont d’abord été infirmières à Marach, puis missionnaires chez les Kurdes, pour finalement travailler au sein du «Croissant rouge» à Erzeroum, puis à Erzindjan, ont entendu et vu pas mal de choses, par exemple comment les Turcs se partageaient entre eux des femmes et des jeunes filles arméniennes, chose contre laquelle elles se sont élevées. à la suite de quoi, on leur a indiqué qu’elles devaient partir dans les deux jours, sinon on les mettrait en prison. Il est heureux qu’on les ait laissées partir pour Constantinople — du reste sous une stricte surveillance —, où elles pourront, espère Miss Graffen, faire un rapport bien utile.

La population arménienne de Sivas a elle-même livré toutes ses armes, mais aucune bombe ou choses similaires n’auraient été découvertes, pas plus qu’une quelconque conspiration. Par contre, le massacres de Turcs à Van, les luttes entre Arméniens et Turcs à [Chabin]-Karahissar et d’autres faits de ce genre sont généralement connus, et il n’est pas étonnant qu’on ne fasse également plus confiance aux autres Arméniens, même dans des régions où ils sont habituellement paisibles. Il paraît certain qu’en prévision de la fin de la domination turque, des préparatifs secrets, ou pour le moins de telles idées, existaient au sein de la population arménienne. Mais il serait très abusif de prendre ce peuple dans son entier pour une nation d’insurgés. Même les Turcs savent et admettent qu’à présent une grande partie de la population souffre injustement et n’a pas pour le moment donné matière à intervenir contre les Arméniens. C’est regrettable, mais cela se comprend. Le bannissement est exécuté de la manière suivante: après son annonce, les maisons sont évacuées et les gens, par centaines et par milliers, accompagnés par des saptieh, sont mis en route; ils vont aussi loin que possible avec des chars à bœufs ou à buffles; là où il n’y a pas de routes carrossables, comme par exemple entre ici et Ourfa, des bêtes de somme, surtout des ânes, sont autant que possible utilisés. Il s’agit apparemment d’un bannissement général, mais il y a quand même quelques valis qui cherchent à laisser les vieux, les infirmes et les femmes enceintes sur place. Les orphelines de l’orphelinat suisse de Sivas peuvent y rester «pour l’instant». Mais il semble qu’en général la protection accordée par les étrangers ne soit pas admise par les Turcs, mis à part des cas particuliers. Il est suspect que fréquemment, en cours de route, des groupes soient séparés [des convois] pour prendre un autre chemin. Il court généralement le bruit que ces groupes isolés sont exterminés, mais on n’en a pas de preuves. Dans l’entourage de Miss Graffen, on a de la même manière, près de Hassan Tchélébi, isolé plus de cent hommes, parmi lesquels les professeurs des établissements américains. On ignore ce qu’ils sont devenus.

D’après Miss Graffen, de véritables massacres — c’est-à-dire des massacres publics —, n’ont pas eu lieu, excepté dans les endroits où les Arméniens ont agi contre le gouvernement les armes à la main. Toutefois, il paraît que des individus et des groupes, parfois même des femmes, sont fréquemment assassinés. Tout cela a bien entendu été accompli de manière tellement habile et dissimulée, qu’on n’a guère de chance d’en avoir les preuves. Concernant Sivas, par exemple, Miss Graffen ne connaît pas un seul cas avec certitude. Qu’en chemin des individus aient été jetés dans le Tochmassou ne paraît pas impossible. Mais, il faut le mettre sur le compte des cruels Kurdes qui ont profité de l’encombrement pour le faire «par mégarde». En outre, Miss Graffen a vu un enfant qui avait une coupure à la gorge et qui racontait qu’on avait tranché le cou de sa mère et d’autres [personnes] en sa présence. à Tokat et à Erzindjan, on aurait tué un grand nombre d’individus. Les hommes qui se trouvaient dans la prison de Sivas y sont encore et seraient à leur tour envoyés en bannissement, pour y rejoindre leurs femmes. C’est bon signe. L’envoi, en secret, de petits groupes [destinés] à travailler aux champs, sur les routes ou sur les voies du chemin de fer est toujours très suspect. Cela apparaît bien et plausible, mais il semble qu’il ne s’agisse pas toujours d’affaires très nettes. On a eu des nouvelles de quelques groupes, quoi que beaucoup d’entre eux aient probablement été tués. Mais on n’aura jamais une statistique, même approximativement, juste. Nous craignons que les pertes ne soient pas inférieures à celles de 1895/96.

Maintenant, voici quelques détails sur les convois et les routes [prises] par les exilés. Il faut clairement voir quels immenses problèmes se posent quand on déplace des centaines de milliers de gens à travers un pays en état de guerre, primitif et sans chemin de fer, et dont des régions considérables sont habitées par des peuples barbares. D’après une lettre de Kharpout, il y est déja passé 91000 personnes venues des contrées du nord. Il faut considérer une grande partie des difficultés et de la misère que Miss Graffen décrit, et que nous-mêmes voyons partiellement, comme le résultat des conditions naturelles. Plus tard, je décrirai également celles qui sont à mettre sur le compte de gens malveillants et aussi, partiellement et par contrecoup, du gouvernement.

D’une part, il se trouve tellement de riches parmi les Arméniens, que nous en sommes toujours effrayés. Sous les guenilles parfois portées, pour des raison de sécurité, par des enfants, on découvre des centaines de livres [or] (19 marks), mais les Arméniens ne s’entraident pas plus pour cela. Il y a beaucoup de pauvres parmi les exilés, car bien souvent ils ont été déportés sans avoir la possibilité de se préparer et sans pouvoir emporter quoi que ce soit. Beaucoup de gens n’ont avec eux ni argent pour acheter quelque chose ni réserves importantes, et sont condamnés à ne manger que du pain sec et rassis. Il se révèle en outre qu’il est à présent extrêmement difficile de trouver quelque chose à acheter, car il n’y a plus nulle part d’hommes pour travailler et s’occuper des moyens de transport. Dans des conditions pareilles, on peut imaginer la [situation des gens] entassés dans des convois de 10 000 personnes et se faire une idée du peu de vivres qu’ils sont susceptibles de trouver dans quelques villages, souvent petits, sans parler du fait que la population ne risque pas de les aider avec empressement. Ce qui veut dire qu’ils auront sûrement faim. Mais dans ce pays aride, la soif est encore pire, surtout si l’on traverse sous 30 à 35° à l’ombre des contrées sèches et sans ombre. Ils sont parfois amenés à acheter un verre d’eau pour une piastre (18 Pfennigs), pour que chacun puisse au moins y tremper une fois sa langue. Et la fatigue! Même si l’on considère que les villageois sont en général sains et qu’ils marchent lentement (trois à quatre heures par jour), il est évident que tous les vieillards, les enfants et les nourrissons, surtout ceux qu’on ne peut plus porter, créent des problèmes. Le gouvernement fournit autant de bêtes de somme qu’il peut, mais souvent, avec la meilleure volonté du monde, il ne peut le faire. Il est inévitable que beaucoup d’entre eux meurent en chemin; il est même étonnant qu’il n’en meure pas encore plus. Miss Graffen, qui s’est toujours trouvée à la fin du convoi de Sivas (dix mille [personnes]), a dénombré au total quarante-neuf morts depuis leur départ de Sivas, en quinze jours de marche ( cf. p. 87) [...]

Et maintenant un chapitre à part, les pillages. Le gouvernement ne dispose de presque pas de militaires à l’intérieur. Le peu de saptieh s’y [trouvant] ne sont en fait saptieh que par la grâce de leurs uniformes et de l’insigne qu’ils portent sur les bras. Les dix mille personnes du [convoi] de Sivas n’étaient accompagnées que par cinq ou six saptieh qui ne sont de surcroît guère fiables. Il faut également considérer que les biens des Arméniens qui traversent [les villages] constituent un butin opportun pour les villageois. Il est également courant que les saptieh et les bachi bosuk, ou des Kurdes, avec le consentement discret des premiers, pillent les gens ou extorquent, sous la menace, leurs biens et leur argent. Même Miss Graffen fut souvent obligée de donner des bakhchich (jusqu’à 10 Ltq.) Des pillages et extorsions pareilles ont en vérité eu lieu massivement et peuvent naturellement continuer [...]

D’après des témoignages fiables, ça va mal pour les Arméniens de Samsoun. On aurait tué un grand nombre d’entre eux sur la route de Sivas. Quand, par exemple, quelqu’un sortait légèrement du convoi, il était fusillé comme fugitif. On disait sans motif à certains «T’as l’air de vouloir fuir» et puis on les tuait.

Les cent cinquante à deux cents hommes séparés du convoi à Hassan Tchélébi, mentionnés ci-dessus, se trouvent à l’heure actuelle en prison à Hekim Han. Certains suspects seraient renvoyés à Sivas, les autres expédiés à Ourfa sous stricte surveillance militaire. D’ailleurs on envoie toujours les hommes à part, accompagnés de plus de saptieh, car sinon ils les maîtriseraient.

Le défilé des dix mille17 de Sivas a eu lieu hier après-midi, entre 3h et 4h. Mais ils sont passés de la route de Sivas à un chemin de terre menant à Jechl Han et de là ils ont pris la route de Mezré, jusqu’à Frudschir, aussi loin que la route est carrossable. Après quoi, ils vont continuer à pied. Tout à l’heure, cinq cents personnes de la région de Mezré sont arrivées. Elles campent maintenant avec leurs chars à bœufs près du Köchnük. Il paraît que le pauvre mutessarif ne sait plus où donner de la tête. Tout le monde passe par ici, des milliers chaque jour [...]

Les enfants — mentionnés plusieurs fois — logés dans la ville par le gouvernement, dans différentes maisons, sont des orphelins ou des enfants gracieusement confiés par leurs parents au gouvernement. Il s’agit donc d’un arrangement d’intérêt social.

Comme Miss Graffen projetait d’emporter, au moyen de dix ou douze chevaux de somme, une réserve de farine pour le voyage à Ourfa, j’ai hier matin fait venir Moustapha agha, le maire, pour discuter de tout cela avec lui. Son manque de toute capacité de jugement s’est de nouveau révélé. Il prétend que Malatia est un piège meurtrier; qu’on les fait venir de toutes parts pour les assassiner; que personne n’arrive à Ourfa, etc.

[...] La veille, alors que Miss Graffen s’apprêtait à partir rejoindre ses protégés et n’attendait plus pour cela que la lettre d’accompagnement promise et le s aptieh envoyé par le mutessarif, la nouvelle suivante arriva: le vali de Sivas aurait télégraphié pour qu’elle ne continue plus le voyage. Ce ne sont pas seulement les protestants, entièrement tributaires d’elle et à présent forcés de voyager sans elle, qui se sont inquiétés de cette nouvelle. En effet, que vont devenir la vieille femme du pasteur qui l’accompagne et, surtout, le futur jeune professeur de dix-sept ans [Levon] qui l’a accompagné jusqu’ici comme cocher ? Après de longues discussions, nous avons décidé que tous resteraient chez nous pour l’instant [...]
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 0:56

LE JOURNAL DE HANS BAUERNFEIND (4)

B - Les déportés de Sivas et de Mezré/Kharpert;
les préparatifs de déportation à Malatia

23 juillet 1915 — [...] Juste avant l’arrivée de Miss Graffen, il y a trois jours, un groupe d’environ mille à mille cinq cents personnes est arrivé ici et campait près du cimetière turc, le long de la route de Mezré. Comme il ne s’y trouve pas [de point] d’eau, nous avons cru qu’elles partiraient bientôt. Du fait qu’elles étaient encore sur place le soir venu, nous leur avons envoyé, avec Mahmoud et les garçons, quelques seaux d’eau. Avant-hier matin, leur saptieh a demandé au nôtre si nous autoriserions quelques femmes à venir chercher de l’eau chez nous. Quoique nous ayons fait des réserves, nous l’avons naturellement admis tout de suite. Notre maison se transforma alors en un chaos tel que ceux qui ne l’ont pas vu ne peuvent s’en faire la moindre idée. Comme un torrent après une pluie diluvienne, ils se sont rués sur nous. Des cris, des querelles, des plaintes, des gémissements de nourrissons [...], des femmes malades en quête de médicaments, des affamés demandant de la nourriture, de l’argent, et des questions: qu’allons-nous devenir? Où nous envoient-ils? Que vont devenir nos biens? Vont-ils nous tuer? Que vont devenir nos enfants? Comment allons-nous trouver de l’eau et de la nourriture? Etc. La plupart ne voulaient pas entendre raison [...] On voyait naturellement aussi une misère inexprimable: des malades qui n’arrivent presque plus à avancer et qui sont obligés de marcher encore deux semaines, des petits enfants qui ne survivront plus très longtemps. Mais d’un autre côté, il faut remarquer que la plupart des femmes — il n’y a presque pas d’hommes, exceptés quelques vieillards et quelques garçons, les autres étant conduits à part, probablement attachés — sont tellement saines et robustes, qu’elles vont dans la plupart des cas très bien supporter tous les efforts physiques et qu’elles seront même plus saines après ( sic ). Trois (ou quatre) personnes seraient mortes dans ce camp, dont deux fillettes [...]

Notre Mihran prétend avoir entendu, cette nuit, comment les s aptieh hurlaient: «Donnez-nous de l’argent, donnez-nous de l’argent». Tous leurs draps et autres biens sont restés ici, car ils ne peuvent plus rien porter du fait que les chars à bœufs n’arrivent plus à avancer et qu’il n’y a pas ici d’autres bêtes de somme. Environ cinq cents autres personnes, de la région de Sivas aussi, sont passées ce matin et les ont rejoints. De même, cinq cents personnes sont arrivées hier aprés-midi et ont passé la nuit près du Köchnik.

J’ai oublié de mentionner que, d’après Miss Graffen, il y a encore quatre mille hommes arméniens dans l’ amele tabouri [=bataillon de travail] de Sivas [...]

Ce matin deux de nos enfants de Mandjaluk [=Mandjılık, vilayet de Sivas], que nous avions dû renvoyer chez eux au début de la guerre, sont arrivés: Roupèn, un aveugle de quinze ans, et Dikran, un enfant voyant de douze ans. Ils y sont renvoyés, avec la femme mentionnée ci-dessus. La sœur de Dikran, Azniv, est déja partie avec les autres, de même qu’Anton, un autre de nos garçons de Mandjaluk. Ils ont rapporté les nombreux pillages subis en chemin, bien qu’en exagérant de manière typiquement orientale [...]

Dikran a confirmé qu’il avait vu en route un groupe d’hommes isolés et ligotés qui étaient conduits dans une vallée. Par la suite, ceux qui les avaient emmenés seraient revenus avec leurs habits. De semblables rapports n’ont naturellement guère de valeur; mais on ne peut ni mettre en doute que des tels incidents se sont maintes fois produits, ni s’en étonner dans les conditions locales et la situation actuelle [...]

Il me faut rectifier un fait de la page 80. Miss Graffen avait en effet compté quarante-neuf cadavres entre Hassan Badragh et Malatia, donc pendant sa dernière journée de voyage. Jusqu’alors peu de gens étaient morts et enterrés. Cette dernière étape de 55 km était exceptionnellement chaude. Ainsi beaucoup de gens furent victimes d’insolation et c’est aussi à cause de cette chaleur inhumaine qu’on ne les a pas enterrés, car on ne voulait pas courir le risque d’avoir encore plus de victimes par égard pour les morts. On entend souvent des rapports concernant des Arméniens qui ont bien souvent été tués dans des villages de la région de Sivas.

24 juillet 1915 — [...] La veille, Hedwig et Miss Graffen ont rendu visite à la femme du mutessarif, puis lui-même les a rejointes. Hedwig va elle-même la raconter:

[...] «[Le mutessarif ] a apporté un volumineux document qui était arrivé la veille de Constantinople et concernait les Arméniens. Il a lu quelques passages à haute voix: “Les propriétés abandonnées par les Arméniens doivent être scellées par les autorités. Tout ce qui pourra leur être envoyé doit l’être aussitôt qu’ils auront gagné leur lieu de destination; les autre effets, tapis, etc., seront vendus et le produit [de la vente] leur sera envoyé. Là-bas on donnera à chacun d’entre eux autant de terrain qu’ils en possédaient ici. De l’outillage agricole et des semences leur seront distribués, les artisans recevant des outils. Pour les pauvres, le gouvernement construira des maisons, on construira également des écoles, etc.” D’après tout ce que le mutessarif nous a lu, les ordres sont impeccables: il faut espérer qu’on trouvera les gens qui conviennent pour tout réaliser [...]

[...] Miss Graffen lui a demandé quand les hommes qui ont été séparés de leur [convoi] parviendront à Ourfa. Ils y arriveront avant même les femmes, parce qu’ils n’ont pas d’enfants et de charges avec eux et marchent plus vite. Il a été impossible de les expédier avec les femmes, car si l’un d’entre eux avait [tenté] de fuir, il aurait dû être fusillé et même si un seul avait fui en se cachant au milieu des femmes et des enfants, on n’aurait pas pu tirer sur lui, sinon on aurait pu tuer les autres [...]

[...] [Le mutessarif ] a reçu soixante à quatre vingts demandes de femmes arméniennes de Malatia pour obtenir la permission de se convertir à l’Islam et pouvoir rester à Malatia, mais les Turcs ne l’acceptent pas et ne le souhaitent pas.

C’est le vali de Sivas qui a interdit à Miss Graffen de continuer son voyage, alors que le mutessarif souhaitait qu’elle parte avec le convoi. Il a ajouté, avec raison, que Miss Graffen risquait d’être attaquée ou de tomber malade et de mourir en chemin, et après on lui demanderait pourquoi il l’avait autorisée [à partir]. Aprés chacune de mes visites, je [=Hedwig Bauernfeind] sortais soulagée et nous ne pouvions tous deux nous empêcher de faire confiance au mutessarif, quoique nous soyons trompés de tous côtés.

27 juillet 1915 — Hier matin, j’ai envoyé les 5 dernières Ltq. que nous devions encore à Moustapha agha, et je l’ai fait venir pour parler avec lui de notre voyage et des affaires de notre maison [...] Au cours de l’entretien, il se révéla clairement qu’il a presque complètement perdu la raison et qu’on ne peut guère plus le prendre au sérieux. Que pas un seul Arménien ne gagnerait Ourfa, que tous et toutes, hommes, femmes et enfants seraient tués en chemin, que les alentours seraient couverts de cadavres, que tout le Kurdistan serait [aux mains] des Russes, etc., sont chez lui des idées fixes. Même si, sous l’influence du mutessarif, nous voyons les choses trop positivement aujourd’hui, les faits rapportés par Moustapha agha relèvent sûrement de la folie [...]

Hier soir, Bédros de Sivas, un aveugle de vingt ans que nous avions dû renvoyer chez lui en août de l’an dernier, est arrivé avec son pére. Il a raconté que lui et ses parents (huit personnes) sont dans un groupe de cent personnes qui vient juste d’arriver et va passer la nuit à Köchnik. Il a rapporté des histoires horribles de massacres, de meurtres les plus cruels et de pillages s’étant [produits] en cours de route. Dans les villages des alentours de Sivas, il se serait déroulé des scènes effroyables. Il paraît qu’en route on pille terriblement [les convois] et qu’on arrache les biens sous la menace. Deux fois, à Aladja Han et Hassan Tchélébi, des hommes ont été séparés pour, naturellement d’après l’opinion des Arméniens, être tués. Que l’on extermine les groupes d’hommes ou qu’on les conduise par des chemins inconnus à Ourfa reste une énigme. Ce n’est qu’à Ourfa qu’on saura vraiment combien d’hommes sont arrivés. Même si on ne tue pas autant qu’il faut apparemment le supposer, les souffrances qu’on impose à la population, par la faute de quelques milliers de canailles et de séducteurs, sont cruelles au dernier degré. Nous n’attachons guère d’importance aux autres rapports de Bédros, compte tenu de nos expériences jusqu’à ce jour [...]

Malgré toutes ses supplications, nous n’avons pas gardé Bédros, car il est grand, costaud et sain et qu’il n’est guère en danger du fait de sa cécité. Toute personne supplémentaire est une menace pour le maintien de la sécurité de toute notre maison à Mezré. Il nous paraît tout à fait naturel qu’il partage maintenant toutes les difficultés avec les siens. Si nous accueillons encore des gens, ce seront des personnes vraiment faibles et qui risquent de périr. Si, plus tard, on est en mesure de reprendre le travail ici, il ne sera pas difficile de faire revenir Bédros d’Ourfa. Nous sommes restés intraitables — il faut apprendre à l’être à présent. [Bédros] nous a même apporté des nouvelles d’autres protégés: l’aveugle et débile Kaloust mendierait et serait dans un état horrible; Yéprem aurait peut-être été tué, car dans son village presque tout le monde est mort (il mendiait également); Megerditch d’Amasia et Serpouhi de Sivas, deux aveugles, seraient aussi en voyage; le grand Haroutiun serait déja passé par ici [...]
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 1:00

LE JOURNAL DE HANS BAUERNFEIND (5)

B - Les déportés de Sivas et de Mezré/Kharpert;
les préparatifs de déportation à Malatia

28 juillet 1915 — [...] Des femmes et des enfants sont encore arrivés et également, tout à l’heure, une lettre de la première halte [du convoi] des gens de Sivas, à deux ou trois heures d’ici. Curieusement, il semble qu’ils soient encore là-bas. Nombre d’entre eux voudraient se réfugier chez nous. Il court des bruits de pillages et de massacres [...]

29 juillet 1915 — Hier, Habèch a amené le petit Dikran qu’il avait trouvé dans la ville en train de pleurer et dans un état lamentable. Nous avons décidé de le garder et de le donner, pour ainsi dire, en cadeau à Habèch, pour qu’il soit ses «yeux», ce qui va être bien utile à Habèch durant notre absence. Et Habèch aime Dikran de manière touchante et va prendre bien soin de lui. Quand nous l’avons dit à Habèch, son visage rayonnait de bonheur, comme nous ne l’avions encore jamais vu. Nous voulons également accueillir Roupèn, mais jusqu’à présent on ne l’a pas encore retrouvé.

Ce matin, quelques femmes protestantes de Mezré sont arrivées. Elles nous ont apporté les premières nouvelles du couple Ehmann. M. Ehmann s’est un peu trop immiscé dans toutes ces affaires et a par conséquent des relations tendues avec le vali, ce qui a évidemment des inconvénients pour nos projets [...] On lui a laissé ses professeurs, mais il ignore jusqu’à quand. Il a dit: «Si vous m’ôtez un des mes hommes, je serai obligé de fermer la maison et de partir». Une missionnaire allemande de Mouch serait réfugiée à Mezré, car les Russes sont arrivés à Mouch (de ceux de Van pas de nouvelles). Quand elle a voulu accompagner les exilés jusqu’à Ourfa, on l’en a empêchée. Une Américaine serait partie pour Ourfa, mais depuis Dyarbékir on n’a plus eu de nouvelles d’elle. Les professeurs des Américains de Kharpout ont été très maltraités en prison et horriblement battus. Les familles, dont les hommes ont, à l’époque, été séparés d’elles, ont apporté d’immenses richesses. Trente-deux ânes chargés de soieries, de tapis, de bijoux et des centaines de pièces d’or attachées sur elles et leurs enfants, sans compter les trésors qu’ils ont laissés à Mezré. Elles n’ont pas été pillées en chemin. Mais une femme fut forcée, en cours de route, de céder sa belle fille de quatorze ans à un lieutenant turc. En cours de route, elles se sont réunies et, après avoir prié ensemble, ont décidé de se jeter dans l’Euphrate. Mais, alors qu’elles étaient sur le point de le faire, Dieu ou le diable les en aurait empêchées. Elles sont à présent ici et ignorent si leurs maris vivent encore ou ont été tués quelque part. Elles sont obligées d’écouter les horribles histoires et les mensonges des femmes de Malatia. Elles ne savent pas ce qu’elles vont devenir, si on va les faire mourir peu à peu dans les montagnes des alentours ou quoi que ce soit d’autre [...]

Ce matin, maître Megerditch, notre tailleur de pierre, et un maître turc sont venus chez nous. Tous les artisans arméniens ne sont pas encore en danger. Il n’y a pas d’hostilité à leur égard, mais l’avenir n’est pas très clair.

Un grand convoi de Sivas est passé à distance cet après-midi, avec des centaines de chars à bœufs. Dix à quinze mille personnes campent à présent près d’ici et n’ont pas encore repris la route.Elles sont toutes très inquiètes — nous avons des nouvelles d’elles. Rien ne prouve que les gens sont massivement tués en chemin, mais il y a tout de même lieu de le soupçonner [...]

Ce soir, j’ai rendu visite au mutessarif [...] J’y ai trouvé un mollah qui le consultait au sujet de l’approvisionnement des orphelins de Sivas qui rôdent dans la ville et dont le nombre s’élève maintenant à huit cents [...]

31 juillet 1915 — Hier aprés-midi, un convoi comprenant environ mille à mille cinq cents personnes est passé, [venant] vraisemblablement de la ville de Sivas.

La réponse télégraphique à notre lettre en turc est arrivée de Mezré: «Je suis désolé, mais je ne peux pas vous accueillir dans les circonstances actuelles». Ce qui signifie que l’orphelinat allemand de Mezré ne va également pas pouvoir rester ouvert [...] Nous nous sommes immédiatement fait annoncer chez le mutessarif pour discuter des questions nécessaires avec lui [...] Nous lui avons montré notre télégramme de Mezré en lui demandant conseil. Il a dit qu’il le savait déjà, mais n’avait pas souhaité nous empêcher de faire nous-mêmes la démarche. Compte tenu du fait qu’il a reçu l’ordre strict de ne plus laisser un seul Arménien dans les six vilayets concernés, il est impossible que l’orphelinat de Mezré subsiste. Même si le gouvernement ne ferme pas les orphelinats et que les enfants de moins de quinze ans y restent, les Allemands n’en seront pas moins obligés de fermer leurs maisons eux-mêmes, car tous leurs collaborateurs doivent partir [...]

Quand nous sommes revenus, à 7h45, de chez le mutessarif, une fille épuisée, désespérée et se tordant de douleur était étendue dans la cour. Elle vient de Mandjaluk. Quelqu’un d’ici lui a conseillé de se réfugier chez nous. Elle paraît ne plus avoir toute sa tête. Elle a gémi et s’est lamentée toute la nuit; nous avons été incapables de dormir du fait de l’excitation; les plaintes de la jeune fille m’apparaissent comme la misère du peuple dans son entier, et j’ai eu l’impression d’être entouré, de tous côtés, de cris de détresse stridents. Une situation lugubre et atroce! Malgré tout, Dieu nous a imposé de tout voir, de tout savoir et de nous taire [...]

1er août 1915 — [...] Environ mille villageois de la région de Sivas viennent de passer. Il est inévitable que beaucoup meurent d’insolation [...]

[...] A l’instant, un [autre] convoi, comprenant au moins deux mille personnes, est passé, venant du côté de Sivas. Ce qui signifie qu’ils ne coupent plus la route de Mezré, mais laissent Malatia à leur droite [...]

Tout à l’heure, l’aveugle Maritza d’Arabkir, une grande fille de dix-sept ans que nous avions dû renvoyer chez elle à l’automne dernier alors qu’elle commençait à peine à devenir un être humain, est arrivée chez nous — elle était dans une église, en ville. Nous avons anéanti, en deux minutes, l’espoir qu’elle avait eu pendant quelques jours de pouvoir rester chez nous. Elle est repartie sans dire un mot et est sortie en sanglotant. C’est difficile à supporter, déchirant et on se sent complètement accablé [...]

5 août 1915 — Avant-hier, un convoi d’environ mille Arméniens est passé; hier un autre convoi a défilé durant près de deux heures [...]

suite

http://www.imprescriptible.fr/rhac/tome2/p4ch2b
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 1:45

http://www.genocideproject.net/Web_pages/Survivors/terzian.html

My brother-in-law was American Consul Davis’
body guard in Mezre and the Consul himself
saved my father’s life. There was a Turkish gendarme by
the name of Shadhe who wanted to kill my father. Consul Davis
came all the way to our door in Pazmashen. My father was hiding in
the back, in the wood shed. He came on his horse and took my
father back with him to the Consulate.

When the deportations began, I went to Mezre to say goodbye to
my father. He cried. The Consul saw him and told me to stay. Later,
my mother escaped from the deportation and also came to the
Consulate. We were in the American Consulate during the
deportations. Consul Davis saved us. Everybody else, my sisters, my
maternal aunt-all of them, all of them-were deported. Our whole
village was wiped out.

We lived in the Consulate until 1922. On September 7, 1922, our
family left Kharpert along with 250 Armenian orphans on horses and
wagons. My father was asked by the Near East Relief to oversee
the transportation of these orphans from Kharpert to Aleppo.

From Aleppo we went to Beirut, then to Marseille, and then by ship
we came to Providence, Rhode Island.

KHARPERT Terzian_Hayastan

Hayastan Maghakian Terzian
b. 1903, Pazmashen, Kharpert



One of the persons whom I took in the Consulate was an old man who lived in the
village of Pazmashen, which was about two hours distant. He had lived in America
for many years and I felt interested in him. Learning that the people of his village
were to be deported and that many of the men already had been arrested and put
in prison, I resolved to go out to look for him and try to bring him back with me. I
went alone on horseback… Not a traveler was to be seen and not a living person
except the gendarmes. On arriving at Pazmashen, I found the man still there but
greatly frightened. He had escaped arrest the day before by hiding all day in a dark
hole in the house… by means of a friendly word and a little money it was quickly
arranged for the old man to leave with me… I rode on horseback and he walked
alongside, trying to keep out of sight as much as possible… We came by a circular
route and arrived at the Consulate toward night. The old man was
Krikor Maghakian.

Leslie A. Davis, American Consul General at Kharpert, February
9, 1918
US State Department Record Group 59, 867.4016/39

************************************************
Traduction de l'anglais (n'est pas terrible désolée)

Mon beau-frère était garde du corps du consul américain Leslie Davis dans Mezre et le consul lui-même a sauvé la vie de mon père.
Il y avait un gendarme turc par le nom de Shadhe qui voulait tuer mon père. Consul Davis a été tout à fait à notre porte en Pazmashen. Mon père se cachait dans l'arrière, dans le bois remise. Il est venu sur son cheval et a pris mon père de retour avec lui au consulat.

Lorsque les déportations ont commencé, je suis allé à Mezre-à-dire au revoir à mon père. Il a pleuré. Le consul l'a vu et m'a dit de rester. Plus tard, ma mère échappé à la déportation et est arrivé au Consulat. Nous étions dans le consulat américain au cours de la déportation. Consul Davis nous a sauvés. Tout le monde, mes sœurs, ma tante maternelle de tous, chacun d'entre eux ont été déportés. Notre ensemble village a été anéanti.

Nous vivions au consulat jusqu'en 1922. Le 7 Septembre 1922, notre famille a quitté Kharpert en même temps que 250 orphelins arméniens et sur les chevaux wagons. Mon père a été demandé par le Proche-Orient secours d'urgence et superviser le transport de ces orphelins de Kharpert à Alep.

De Alep nous sommes allés à Beyrouth, puis à Marseille, puis par bateau nous sommes arrivés à la Providence, Rhode Island.


L’une des personnes que j'ai pris dans le consulat était un vieil homme qui vivait dans le village de Pazmashen, qui a été environ deux heures de distance. Il avait vécu en Amérique pendant de nombreuses années et je me suis senti intéressé en lui. Ayant appris que les gens de son village devaient être expulsés et que bon nombre des hommes avait déjà été arrêté et mis en prison, j'ai décidé de sortir pour le chercher et essayer de lui apporter avec moi. Je suis allé seul à cheval… Pas un voyageur devait être vu et pas une personne vivante sauf les gendarmes. En arrivant à Pazmashen, j'ai trouvé l'homme toujours là mais très peur. Il avait échappé à l'arrestation la veille par se cacher toute la journée dans une sombre trou dans la maison… au moyen d'un mot amical et un peu d'argent, il a été rapidement pris des dispositions pour que le vieil homme de quitter avec moi… Je suis monté à cheval et il marchait à côté, en essayant de garder hors de la vue autant que possible… Nous sommes arrivés par une circulaire route et est arrivé au consulat vers la nuit. Le vieil homme était Krikor Maghakian. Leslie A. Davis, consul général américain à Kharpert, février 9, 1918
Département d'Etat américain Record Group 59, 867.4016/39
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 3:03

Perri, Charsanjak, Dersim &
The Armenian Village

Administrative Divisions

In the 1800's and early 1900's our Poochigian ancestors lived in the village of Perri, which was ruled by the Ottoman Turks. Perri was located in the administrative vilayet (province) of Kharpert (Harput), the sanjak (district) of Dersim, the kaza (county) of Charsanjak, and the nahiye (village or township) of Perri.

In 1840, the Ottoman government implemented what was referred to as the Tanzimat Hayriye or "Auspicious Reorderings," which reorganized the tax system and administrative divisions in each Ottoman ruled province (vilayet) (Shaw 55). During the following years of the Ottoman rule, some modifications were made to the administrative system through the Provincial Regulation of 1876 and 1874 (Shaw 243).

Basically, the administrative divisions were divided as follows during the Ottoman rule of historical Armenia:

Vilayets (Provinces) - The Poochigians' village of Perri was located in the vilayet (province, eyalet) of Kharpert (also called Kharberd, Kharput, Kharpoot, Harpert, Harpoot, Harput, Harpout, Harpouth, Elazig, Elaziz, Mamuret el Aziz, Mamuret-ul-Aziz, Mamurelulaziz). There were six vilayets (provinces in historical Armenia: Erzurum, Bitlis, Van, Diyarbekir, Sivas and Kharpert (Mamuret ul-Aziz) (Shaw 201). The area was traditionally referred to as the "Six Vilayets" or the "Six Provinces" in Ottoman Anatolia. (Lynch Vol. 2, 413)

Sanjaks (Districts) - The Poochigians lived in the southern section of the sanjak of Dersim, which was in the northern part of the Kharpert vilayet. The vilayets (provinces) were divided into sanjaks. The boundaries of sanjaks were drawn to establish equal units of comparable population and wealth. Each sanjak was headed by a muhassil.

Kazas or Livas (Counties) - The Poochigians' village of Perri was located in the kaza or liva of Charsanjak. The sanjaks were divided into kazas (counties) or livas (the terms being used interchangeably). The kazas were headed by administrators (mudurs).

Nahiyes (Villages or Townships) - The Poochigians lived in the village or nahiye of Perri, which was sometimes called Charsanjak. Each kaza consisted of subdistricts called nahiye (townships). Each nahiye usually contained neighboring villages or at least one important town or village in a Kaza. The towns or villages were directed by muhtars (mayors). With the modification of the 1864 provincial system, each nahiye was given its own mudar and an advisory council who acted on matters regarding tax assessment and collection, local public works, agriculture and education. (Shaw 84 & 243)

Perri (Charsanjak, Akpazar) Village

Until the early 1900's, our Poochigian ancestors lived in the village or nahiye of Perri (Peri, Perry, Parry, Pere, Perre) in historical Armenia, which was ruled by the Ottoman Turks. Today, Perri still exists in the Republic of Turkey, however, the modern-day name of Perri is "Akpazar."

Location of Perri (Charsanjak, Akpazar). According to the U.S. Defense Mapping Agency, dated 1984, Perri is located at 38 degrees, 51 minutes North Latitude and 39 degrees, 42 minutes East Longitude (Aghjayan Database). The Map of Armenia and Adjacent Countries, dated 1901 (Lynch Map), shows Perri is located about 30 miles (38 kilometers) northeast of the ancient city of Kharpert. However, to reach Perri (Akpazar) from Kharpert and the city of Elazig by road today, the distance is 60 to 80 miles (97 to 128 kilometers) (John Poochigian Interview). According to Dr. John Poochigian, who visited the outskirts of Perri (Akpazar) in eastern Turkey in 1998 (See Poochigians on Tour),

"The village we know as Perri is now called "Akpazar." When we were trying to locate "Perri," no one knew what we were talking about. We finally found it. We drove east from Elazig, then north, then west toward Perri. We were stopped about 3 miles east of Perri. This was where the road crossed over the Perri river. We took our pictures of Perri from that point along the north bank of the Perri River. Perri (Akpazar) was in the middle of the battlefield between the Turkish Army and the PKK [Partiya Karkere Kurdistan--The Kurdistan Workers' Party] when we were there. If they ever settle that conflict, it would be worth the effort to go back and walk the streets of Perri." (John Poochigian, Jr. Interview)

Perri River & Major Rivers. Perri is situated on the north (right) bank of the Perri River (Perri Su or Keghi Su). Southwest of the village of Perri, the Muzur River (Murzur Su) flows into the Perri River, which meanders over the plains and surrounding mountains on its way to the Murad River (Eastern Euphrates; Lower Euphrates; Armenian Aratsani; Turkish Murat; Murad Su; Murat Su).

The Murad River (Eastern Euphrates) joins the Western Euphrates (Upper Euphrates; Armenian Eprat; Turkish Kara) to form the Euphrates River. Both the Eastern Euphrates and Western Euphrates flow westward through a series of fertile plains, the upper arm through Erzerum and Erzinjan, the lower through those of Bagrevand, Manazkert, Taron, Palu and Kharpert. Then, after joining at Kaben Maden (Armenian Lusatarich), where a great dam creating a vast lake has been constructed in recent years, the combined Euphrates pierces the Taurus through a spectacular canyon, flowing down through the lowlands of Mesopotamia and eventually to the Persian Gulf. (Hovannisian, Vol. I, 7)

The Mountains. The village of Perri is located on the broad plain of Kharpert in the Armenian tableland in historical Armenia. The Kharpert plain is an extensive, relatively flat region between hills and mountains. Historical Armenia is mountainous country, surrounded by great mountain chains on every side and crossed by lesser ranges that link the major ones together. Within this framework, the Armenian tableland contains a number of smaller plateaus set at different altitudes, the regions of Karin (Erzerum) and Erznga (Erzinjan) being the highest. Apart from these lesser plateaus, the ranges and their spurs divide Armenia into a number of small but well-defined districts ranging from broad plains such as those of Kharpert, Erzerum, Erzinjan and Mush, to small valleys and narrow gorges. (Hovannisian, Vol. I, 5)

The village of Perri is situated in historical Armenia, which is buttressed by mountain chains to the north and south and crisscrossed by other chains that cover the Armenia plateau. The Upper Armenian Mountains (Central Mountains) are located to the north of Perri; the Sasoun (Sassoun) Mountains and the Taurus and Armenian Taurus Mountains, to the south; and the Biuraknian Mountains to the east.

The Village of Perri. In 1900, the village of Perri was the principal town in the larger sanjak (district) of Charsandjak (Kevorkian). As a result, the residents of Perri sometimes referred to the village as "Charsandjak," although they most often called it "Perri." People from Perri frequently referred to themselves as "Perritsi," meaning they came from from Perri.

In the French book, Les Armeniens dans L'Empire Ottoman a la Veille du Genocide written by Raymond Kevorkian and Paul Paboudjian, the authors report that in 1900, the number of Armenians in Perri/Charsanjak, was 1,763 Armenians (310 families), 350 Turks and 80 Kurds (Kevorkian).

Kevorkian and Paboudjian continue to explain, in 1900, the town of Perri was an agricultural settlement, which was built on the slope of a hill along the Perri River. Perri was divided into six quarters, of which five were inhabited:

1. Galerou Tagh,

2. Yegeghetsvo T'agh (quarter of the Notre Dame Cathedral),

3. Gamar-Aghpiuri T'agh,

4. Khorchougui T'agh, and

5. Don-Aghpiuri T'agh (Periphery of the Rouge [Red] Monastery)
(Kevorkian)

When our Poochigian ancestors lived in the village of Perri, sheep were a valuable livestock. Today, sheep are still considered Turkey's most important livestock, and Turkey is one of Europe's wool and cotton producers (World Association of Travel Agencies).

It was common for villages to preserve traditional Armenian customs and folk dances. Every village and region in historical Armenia had its own folk dances. In modern times, the descendents of the Poochigians from the village of Perri still do traditional Armenian folkdances at weddings, picnics and other gatherings in America.

Today, the population of Perri (Akpazar) and Turkey's eastern provinces is primarily Kurdish. In recent years, clashes between the Turkish armed forces and the PKK (Partiya Karkere Kurdistan--The Kurdistan Workers' Party), a Kurdish separatist group that wants to establish an independent state out of portions of Turkey, Iran, Syria, and Iraq, has restricted the movement of foreign visitors in eastern Turkey (Mangin 187).


http://www.dersimsite.org/carsancak.html
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 3:06

List of Armenian Apostolic Churches in Kharpert Province
http://www.armenianancestry.com/phpbb/viewtopic.php?f=7&p=4111#p4048
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 3:13

http://www.hunchak.org.au/aboutus/lestweforget_megurdich_kasparian.html


Megurdich Kasparian (Churvej)
(1891 - 1987)

Born in Kharpert in 1891.

At a time when higher education for Armenians was virtually impossible, Megurdich Kasparian was fortunate to be attending 'Telgadintzi's Gendronagan Varjaran' (central school) in Kharpert, and graduated from there in 1910. At 'Gendronagan', Kasparian was a student of Bedros Manoogian (Doctor Benne, Hunchak intellectual, educator and activist, who was hanged in 1915 at Constantinople Bayazid Square with 19 other Hunchak revolutionaries). Benne had a profound influence on young Megurdich, it was through his lectures that the latter turned to the Hunchak revolutionary favour for his intellectual expression.

When M. Kasparian arrived to the United States in 1911, he was already a devout Hunchak thanks to Benne, and a diligent reader and researcher thanks to the intellectual discipline that 'Telgadinzi' is known to have put his students through. He contributed extensively to the "Eridassard Hayastan" from 1916 until the early 70's under the pen name of 'Churvej' (meaning gush of water), his writings include poems and analytical articles, all strongly influenced by his immigrant’s experience and ideological-political convention.

M. Kasparian met with Avedis Nazarbekian (SDHP co-founder) in New York in 1922. In 1935 'Churvej' edited and published a special edition of "Gaidz" (Name of the official publication of the SDHP youth organisation of Constantinople in the early 1910's). He had gathered material for publication from various Hunchak party chapters in the US, while Arsen Gidour had helped him do the same abroad. His book "Ten Years Under the Influence of Telgadinzi" is a valuable record on the life and activities of the Hunchaks in Kharpert, and their influence on students such as himself. 'Churvej' moved to California from the East Coast in 1940 and settled in Fresno a few years later. He worked as a printer and publisher until his death in 1987.

On the inside cover of one of his favorite book (Raffi's "Gaidzer") Megurdich Kasparian had made the following notation:

"Megurdich Kasparian (Churvej), graduate of Telgadintzi's Gendronagan Varjaran Kharpert 1910. Gone to America, 1911. Hunchakian."

That is how he would have wanted to be remembered.
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 3:19

Seven Years in Harpoot

New Book Describes Life in the Old Country

http://74.125.39.104/search?q=cache:zFqmb7ZqihcJ:www.gomidas.org/books/katchadourian-n.htm+Kharpert&hl=fr&ct=clnk&cd=78&gl=fr
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 3:21

http://noteshairenik.blogspot.com/2006/04/identifying-my-roots_24.html


I am the sub-offspring of survivors from the Genocide era. Members of both my mother’s and father’s families managed to escape the horrors of those times as well as those lesser known during the years leading up to 1915. My mother, Linda, was born in Cambridge, Massachusetts and was raised in neighboring Arlington. Both her parents were born near the city of Kharpert, now called Elazig. Her father, born Hagop Russian—later nicknamed Jack—was from the village of Sousoury, inhabited mostly by Armenians where an ancient monastery was situated (the status of both village and monastery is unknown). Not very much is known about the history of the Russian clan other than the fact that many members eventually found their way to the United States and even Buenos Aries, Argentina over the course of the 20th century. My grandfather was under the age of 10 when the massacres began in and around Kharpert. His father was apparently killed by Turkish militia, while his mother died of pneumonia at one point before or after 1915. It is presumed that several brothers, uncles, and cousins—the exact number is unknown as he refused to reveal details about the events—also fell victim. One younger sister, named Sarah (who was considered a young beauty along with many other green-eyed Russians, including my mother) was whisked away by Arab travelers on horseback and never seen again. Hagop and his sister, Louise, managed to survive, she finding her way to an orphanage in Marseilles, France, while my grandfather earned money by collecting bits of metal by the roadside and selling them for insignificant sums of money. They eventually reunited in France then separated again, and Hagop made his way to Cuba, where he lived for about six years, saving money by shining shoes and working other odd jobs before finally sailing to the US. He finally arrived in the Boston area where his father’s brother, Peter, had already settled and was employed in a grocery store. Both worked together, and during the course of a dozen or so years managed to save enough money to open grocery stores of their own.

My grandmother, Clara, was born in the village of Husenig, which apparently still exists today but under a different name. Her father, Nishan Gedchudian, moved to the United States where he worked for a few years to save money before return to his village to marry. Her mother, Haigouhi Echmalian, worked as an English-language teacher in one of the schools that had been operating in Kharpert—many of which incidentally were opened by American missionaries around the turn of the century. In 1915, Nishan was eventually taken away by the Turkish militia and was never seen again. Thus, my grandmother and her mother assumed the last name Movsesyan as a way to disguise themselves as converted Armenian Muslims, then began roaming, eventually finding their way to Aleppo, later on to Cuba. As a young girl Clara contracted typhoid fever and was very close to death. Both of them finally made their way to the US and settled in Providence, Rhode Island, where my great-grandmother’s sister, Terez, had already made a home with her husband and small children. My grandmother lived there for over a decade before she was introduced to my grandfather by mutual friends. They married and settled in Arlington, Massachusetts, then had two children, my mother and her older brother, Arsen. Both Hagop and Clara worked in their grocery store located in neighboring Somerville until my grandfather’s sudden death in 1978. My grandmother is now 91 and still lives in her home in Arlington.

There is less to tell about my father’s family. My grandfather, Garabed, was born in Aleppo and never saw the Genocide. The Adanalians also have roots in Kharpert, and several generations ago they changed their last name from Kurkjian. As one interesting tidbit—apparently the reason for the name change has to do with the fact that the first born son of each subsequent generation was named Khosrof Garabed or Garabed Khosrof. One of them went to Adana at some point to get married and was then known as “Adana” Khosrof (or Garabed—can’t remember which) since there were so many Khosrofs and Garabeds running around. My grandmother, Lucine Mahakian was from the town of Urfa, now called Sanliurfa, located in lower Eastern Turkey. Her father, Krikor, was hanged by the Turks. From what I have been told, she and her several brothers and sisters as well as mother were hiding out in a shelter for quite some time before finally being able to escape. Later they all ended up in Aleppo. She married my grandfather, 14 years his junior, and they had three children—Khosrof—my father, Meline, and Jacques. In the late 1950s they resettled in Beirut, Lebanon. Dad moved to the US in 1968, then married my mother in 1970. They settled just outside of Boston and operate a retail jewelry business. My father was the one who finally broke the chain by naming me Christian Garbis Adanalian, which apparently caused an uproar back in Beirut. My grandfather died in 1997 at the age of 95, but my grandmother, now about 90 years old, lives in a nursing home.
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeVen 18 Juil - 3:55

C'est article qui à l'origine écrit en italien je le trouve très intéressant (j'ai essayé de le mettre avec la traduction). Franchement il faut féliciter cette personne qui la même approche (presquer) que nous. Voila il n'y pas que quoi à denoncer dès fois y a des gens qui on un regard juste sur notre histoire proche.

IL MASSACRO DI PERTAG

Le massacre de PERTAG

http://www.voce-armena.info/il%20massacro%20di%20Pertag.htm

Génocide arménien: non seulement 1915

http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=it&u=http://www.voce-armena.info/il%2520massacro%2520di%2520Pertag.htm&sa=X&oi=translate&resnum=4&ct=result&prev=/search%3Fq%3DKharpert%26start%3D170%26hl%3Dfr%26rlz%3D1T4SNYK_frFR276FR276%26sa%3DN
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeMer 29 Avr - 19:50

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Une famille arménienne de Kharpert
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeMer 29 Avr - 19:53

KHARPERT Armeni12

Les Armeniens de Kharpert partant pour la prison de Mezeh
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeMer 29 Avr - 19:55

KHARPERT Kharpe10
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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeMer 29 Avr - 19:56

KHARPERT Kharpe12
Kharpert
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tagyhi


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MessageSujet: Re: KHARPERT   KHARPERT Icon_minitimeLun 8 Mar - 10:00

FLASH FLASH FLASH FLASH


Un séisme de magnitude 6 sur l'echelle de Richter a frappé ce matin l'Arménie Occidentale et plus particulièrement la province de Kharbert faisant 20 morts et 60 blesses aux dernières nouvelles.


http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/03/08/01011-20100308FILWWW00361-turquieseisme-20-morts-nouveau-bilan.php
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